Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 6.djvu/133

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ceux des armées alliées ; ses arsenaux ont fabriqué du matériel de guerre pour ces dernières qui ont été libres de se reconstituer à la faveur de l’aide que nous leur avons apportée. Parce que nous n’avons point construit depuis sept ans, il serait injuste de nous opposer aujourd’hui cette décision comme un fait accompli. Nous ne saurions donc accepter un mode de limitation des armements navals aboutissant à la consolidation de la situation actuelle, c’est-à-dire au fameux « Holiday » qui a été souvent proposé par les Puissances anglo-saxonnes. Notre indépendance nationale ne s’accommoderait point de cette interprétation.

Quelle sera l’étendue de la limitation des armements ? Il semble que la Société des Nations ait voulu envisager une limitation budgétaire. Rien ne serait, à notre avis, plus illogique, même en tenant compte de la différence des changes ; les budgets de deux pays ne sont point comparables. Le prix de revient de la tonne construite, varie suivant la cherté de la main-d’œuvre et des matières premières. L’armement est fonction de la solde des équipages, du prix du charbon, etc. qui ne sont pas les mêmes dans tous les États ; la comparaison des budgets de 1914 et 1921 ne prête pas à des résultats plus exacts, car certains, comme le nôtre, traînent le poids mort de leurs arsenaux, qui influencent fâcheusement le rendement général de l’organisme. Le seul critérium auquel il nous paraisse raisonnable de s’arrêter, c’est le tonnage, et encore cet indice doit-il être corrigé sérieusement. Il faudra démontrer qu’une tonne de navires neufs n’a aucun rapport avec une tonne de navires anciens, d’où la nécessité de tenir compte d’un coefficient d’amortissement militaire. En outre, une tonne de cuirassé n’a pas la même valeur intrinsèque qu’une tonne d’aviso. La situation du tonnage français est particulièrement fâcheuse, car il est composé de vieux navires, principalement de croiseurs, qui sont des types absolument démodés. Que dire, enfin, de nos navires récents, formés par une poussière d’avisos, de sloops, etc. dont il y aurait lieu de ne même point faire mention ? Un mode de calcul qui permettrait de bien apprécier l’importance respective des marines de guerre consisterait à prendre le tonnage des super-dreadnoughts en rattachant à cette unité tactique tout le tonnage auxiliaire de surface, sous-marin ou aérien, qui doit l’accompagner. Dans ce cas, il faudrait inscrire au crédit de la Rue