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engagés les premiers dans la voie coûteuse de la construction des capital-ships ! l Ils avaient un moyen de réduire nos dépenses militaires qu’ils dénoncent : c’était de signer un traité d’alliance défensive avec la France ; et ils ont rejeté la signature du Président Wilson ! Ils convoquent les peuples à limiter leurs armements, et ils se gardent de prêcher d’exemple ! Enfin, ils s’élèvent contre la barbarie des méthodes de guerre, et le général Fries, chef du service des gaz, déclare froidement : « La marine se servira des gaz dans ses canons et sous forme de nuages ; les gaz toxiques pénétreront dans les systèmes de ventilation des bâtiments ; lus nuages toxiques pourront être déversés à torrent par des bombes d’avion, ou être envoyés sous l’eau par les sous-marins. Ce sera, par exemple, du phosphore blanc, qui brûle et ne peut pas être asséché… Notre programme est prêt. » Tableau suggestif de la guerre future, au cours de laquelle l’Union se flatte d’employer la Diphenychloarsine dont elle tient déjà 2 000 tonnes emmagasinées à Edgewood.

Nous comprenons que, devant cette perspective, le Japon cherche à se prémunir contre tous ces gaz, et contre tous ces nuages. Bien qu’ils soient de couleur jaune, les peuples de l’Asie ont droit, comme nous, à la vie et au soleil. Se sentant arrêtés dans leur expansion vers l’Est, il est inévitable qu’ils cherchent à briser cette résistance et les cuirassés sont évidemment les plus propres à réaliser leur but. On voit donc quelles sont les éventualités qui vont se poser à Washington. C’est toute la question des migrations asiatiques transportées du domaine terrestre sur le domaine maritime, et mettant en œuvre les procédés de destruction les plus scientifiques et les plus radicaux. Ecoutons maintenant la voix de la France.


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Toutes les raisons que les trois nations que nous venons d’énumérer peuvent mettre en avant pour justifier le développement de leur marine de guerre, la France peut les faire valoir. Rien de ce qui se passe dans le monde ne peut lui être indifférent. Son commerce rayonne dans les cinq continents, sa culture a pénétré partout. Quant à son empire colonial, la seule nécessité de le protéger suffirait à justifier, la constitution d’une grande flotte. Veut-on des chiffres ? Le domaine colonial français vient immédiatement après celui de la