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Le canevas provisoire du programme du Gouvernement américain prévoit les trois points suivants : principes servant de base à cette limitation ; étendue de cette limitation ; exécution des décisions prises. Il est hors de doute, en premier lieu, que tous les peuples représentés désirent sincèrement atténuer le fardeau de leurs dépenses budgétaires et, partant, limiter leurs armements navals. Mais ils voudraient que leurs voisins fissent des sacrifices encore plus grands qu’eux à la cause de la paix, ce qui revient à dire que chacun veut s’assurer l’hégémonie navale au meilleur compte. Comment déterminer l’importance respective des armements des diverses Puissances ? Quel est le critérium sur lequel on devra se régler ? On pourra prendre comme point de départ le tonnage actuellement à flot ou existant au 2 août 1914. Ces deux solutions favoriseraient l’Angleterre. On peut, au contraire, faire entrer en ligne de compte les programmes votés par les diverses Puissances. Dans ce cas, il est évident que l’Amérique et le Japon y trouveraient leur avantage, puisqu’ils ont profité des hostilités pour forger, au détriment des anciennes marines européennes, un puissant outil de combat. La seule solution acceptable pour la France serait évidemment celle qui admettrait le tonnage de 1914, puisque, depuis cette époque, nous n’avons rien construit, et que, malheureusement, le programme naval n’a pas été discuté par le Sénat.. Nous relevons à ce propos l’empressement avec lequel la Grande-Bretagne a fait voter par la Chambre des Communes la mise en chantier de quatre superdreadnoughts, du type Hood amélioré, ce qui lui permettra de soutenir à Washington qu’elle aussi poursuit l’exécution d’un projet de constructions neuves imposant.

Le tonnage des capital-ships ou le tonnage total à flot comprenant tous les types de navires n’est pas la seule déterminante des droits qu’une nation peut faire valoir. Il faut également envisager la sécurité des États, examiner jusqu’à quel point elle dépend de la mer, consulter la carte de leurs rivages, supputer l’importance de l’empire colonial et du tonnage marchand des uns et des autres, et, d’une façon générale, prendre en considération les nécessités de la politique maritime des diverses Puissances, leur force d’expansion à l’extérieur,