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programme américain est le plus formidable qu’on ait jamais entrepris, puisqu’aux 19 « capital-ships » que le « Navy Department « possède déjà, il se propose d’en ajouter 16. Le Japon, pour répondre à cette menace, construit, ou se propose de construire 15 nouveaux capital-ships, ce qui lui permettra d’en aligner 27 en 1928, contre 35 qu’armera l’Amérique, sous réserve que celle-ci n’ait point d’ici là encore augmenté son programme de constructions neuves. Si l’on réfléchit que le montant de chaque navire dépasse 400 millions de francs au taux actuel, et que le coût d’entretien de ces formidables machines de guerre est en proportion de leur prix de revient (551 550 livres par an pour un croiseur de bataille type Hood contre 403 560 livres pour un. cuirassé Royal Sovereign), on se rend compte des conséquences financières de ces projets et des charges qui pèseront sur les peuples lancés dans d’aussi coûteuses aventures. Nous n’avons parlé de la position maritime des États-Unis et du Japon que sous le rapport des capital-ships. Mais cette unité tactique entraine naturellement la constitution d’escadrilles légères sous-marines ou aériennes, en rapport avec son importance. Le budget naval des Puissances maritimes devient, dans ces conditions, un véritable gouffre. Celui du Japon, pour 1921-1922, s’élève à 490 millions de yen ; les dépenses navales entrent pour 32 p. 100 dans le budget total de l’Empire japonais, et, dans ce budget naval, 17 p. 100 de l’ensemble est consacré aux constructions neuves.

Le Naval and Military Record, comparant le budget japonais de 1921 à celui de l’Allemagne en 1914, fait remarquer que la marine allemande, dont l’essor fut si prodigieux, n’entrait que pour 6,2 pour 100 dans le budget total de l’Empire, et était encore cinq fois moins élevé que celui qui a été voté cette année par le Japon. Or, le Japon est incontestablement le pays qui obtient de son budget naval le meilleur rendement, en raison du bas prix de la main-d’œuvre ouvrière et de la solde des équipages. On peut chiffrer, dans ces conditions, l’effort financier qui s’imposera à l’Union pour armer la flotte qu’elle se propose de construire ; son budget naval, qui est peut-être le plus lourd, proportionnellement à l’importance des armements, se monte cette année à 410 673 289 dollars, soit 10, 5 pour 100 du budget total (3 900 789 200 dollars), la part de l’armée n’absorbant que 8, 4 pour 100. Les États-Unis, quelque riches qu’ils soient,