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colonies. La diplomatie française aidera de toute son influence le gouvernement du Président Harding dans son effort pour assurer la paix et préparer la limitation des armements. L’Italie appuiera naturellement l’action pacificatrice de la France et de l’Angleterre. Le Président Harding s’est heureusement résolu à inviter à la conférence deux nouveaux États : la Belgique, qui a des intérêts considérables en Chine, et la Hollande, qui possède un Empire dans les mers d’Extrême-Orient. Sera-t-il permis d’émettre un vœu ? Ce serait que les chefs de gouvernement ne siégeassent pas personnellement à la conférence comme ils en ont pris la dangereuse habitude, car il n’y a ni négociations, ni combinaisons diplomatiques possibles sans la faculté, pour le plénipotentiaire, de se retrancher derrière une autorité supérieure de qui il tient ses pouvoirs et à qui, dans les cas imprévus, il puisse en référer.

Quelle que soit l’issue de la Conférence qui va s’ouvrir, elle sera un événement de haute importance. On ne saurait parler de limitation des armements dans les mers du Pacifique sans que, du même coup, la question se pose pour l’Europe. L’Amérique, en appelant l’Europe à participer au règlement des difficultés qui surgissent dans le Pacifique, s’oblige, par-là même, à participer au règlement des questions européennes. La France s’en félicite ; elle n’a jamais cessé de compter sur les sympathies actives des États-Unis. Par le détour du Pacifique, ils reprennent, dans les affaires de l’Europe, la place qu’ils ont si glorieusement tenue pendant la guerre : une phase nouvelle s’ouvre dans la consolidation de la paix générale.


RENE PINON.