gouvernement du Japon s’engage à empêcher ses citoyens de s’y rendre pour s’y établir. L’accord a été à peu près respecté : les Japonais ont satisfaction morale, les Américains obtiennent le résultat souhaité. Mais les gens de l’Ouest se plaignent ; les Japonais, disent-ils, parviennent à s’infiltrer par le Mexique ; ceux qui sont établis font venir des femmes ; et voilà fondé un foyer jaune qui va pulluler. Pendant toute la guerre, on négocie un nouvel « gentlemen’s agreement ; » M. Roland H. Morris, ambassadeur à Tokyo, parvient à conclure, mais la nouvelle administration de M. Harding rejette sa convention et accepte sa démission. Le Président républicain veut discuter en bloc toutes les difficultés avec le Japon. Le conflit, atténué pendant la guerre par la diplomatie des Alliés, prend une acuité nouvelle, quand le Japon demande l’introduction, dans le Pacte de la Société des nations, d’une clause consacrant l’égalité des races : acte politique de haute portée qui fait du Japon le porte-parole et le champion de toutes ces humanités « non-évoluées » que les remous de la grande guerre ont éveillées et qui accusent les Blancs, maîtres de la terre, de leur refuser justice et égalité. Les affaires de Chine et surtout les décisions du traité de Versailles relatives à Kiao-Tchéou et aux possessions allemandes du Pacifique ont d’autant plus surexcité l’opinion aux États-Unis qu’elles tombaient en pleine période électorale. Les Japonais accusent la presse de Hearst d’alarmer sans motif l’opinion. Le baron Kaneko, un Japonais élevé aux États-Unis, déclare qu’il comprend le point de vue des Américains, mais que les alarmes des Californiens sont exagérées ; il rapporte que Roosevelt lui a dit, en 1905 : « Il serait avantageux de placer les affaires concernant les droits des étrangers en Amérique sous le contrôle direct du gouvernement fédéral et non des législatures d’État. » En attendant, les sénateurs de onze États de l’Ouest se réunissent en une conférence pour étudier les moyens de remédier au péril jaune. M. Lodge s’est déjà prononcé (27 novembre 1920) pour un accord avec le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande réglant la question de l’immigration jaune.
A entendre la presse et les politiciens américains, il semble que, si les barrières étaient levées, un flot de jaunes submergerait tout l’Ouest. Il n’en est rien ; la question est d’ordre psychologique et moral : elle n’en est que plus insoluble. Les Japonais sont les premiers à souhaiter que leurs émigrants