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avantages purement économiques et profitables aux deux pays. Il serait scandaleux que les Chinois fussent fondés à dire qu’après la Grande Guerre à laquelle, ils ont pris juridiquement part, la vieille injustice créée par l’Allemagne en 1898 n’a pas été réparée, que seulement le bénéficiaire en a été changé. L’histoire prouve qu’on ne touche pas impunément aux principes salutaires de l’intégrité, de l’indépendance et de l’égalité économique en Chine. La diplomatie et la presse pourront épiloguer sur la prochaine Conférence de Washington ; on pourra même peut-être exclure des discussions officielles les difficultés réglées par le Traité de Versailles : malgré tout, la question du Chan-Toung continuera à dominer les débats ; elle occupera tous les esprits, car il n’y aura de sécurité dans les mers de Chine et de certitude de paix entre le Japon et les États-Unis que quand elle sera réglée conformément au droit et à la justice.


III. — LES JAPONAIS EN CHINE

Toute politique, en Extrême-Orient, a deux faces : l’une officielle, l’autre secrète ; elles sont, l’une et l’autre, selon les circonstances, mises en avant ; mais la seconde, en définitive, est seule réelle. Le Chan-Toung sera rendu à la Chine ; les Japonais ne souhaitent que de vivre en bonne intelligence avec ce grand pays, d’y développer leur commerce et de l’aider à marcher, comme il lui en a donné l’exemple, dans les voies de la civilisation européenne. Telle est la thèse officielle. Lisez, par exemple, le discours du vicomte Uchida, ministre des Affaires étrangères, en janvier 1920 : le Japon ne demande qu’à mettre en pratique les principes définis dans les négociations de Paris et à remettre à la Chine Kiao-Tchéou. Le président du Conseil M. Hara a développé, à plusieurs reprises, le même point de vue : le Japon n’a pas d’ambitions territoriales en Chine et ne demande qu’à entretenir avec sa voisine des relations cordiales d’amitié. Seulement, le moyen de faire du commerce et des affaires avec un pays travaillé par l’anarchie, disloqué entre plusieurs gouvernements impuissants à se faire obéir ? Ce sont, allèguent les Japonais, les intrigues des Américains qui empêchent les Chinois de s’entendre directement avec eux, de se laisser, pour leur plus grand avantage, conduire par le Japon vers un régime d’ordre, de liberté, de prospérité : que la Chine