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une provocation, et que si, un jour, après inexécution constatée des engagements acceptés par le Reich, les Alliés étaient obligés de s’installer dans la Ruhr ou de prendre tout autre gage territorial, ils seraient entièrement dans leur droit. Est-il, en effet, besoin de répéter qu’indépendamment des mesures de pression économique, le traité a prévu, en termes formels, que toutes autres sanctions pouvaient être prises pour assurer le respect des obligations contractées ? Si la thèse de M. Simons venait jamais à prévaloir, on arriverait à cette étrange conclusion que, d’une part, les manquements de l’Allemagne n’empêcheraient pas les délais de l’occupation de courir et que, d’autre part, nous n’aurions la faculté de nous assurer aucune garantie en dehors de la zone occupée ; si bien que, dans un petit nombre d’années, nous deviendrions les créanciers chirographaires, impayés et bafoués, d’un État sur lequel nous n’aurions aucune prise.

Voilà à quel degré d’arrogance en est arrivée l’Allemagne quelques mois après l’entrée en vigueur du traité. Pendant ce temps, les Français se querellent sans trêve, à propos de la paix de Versailles. Quelques-uns la disent parfaite, beaucoup la jugent médiocre. Mais, bonne ou mauvaise dans son texte, elle serait, tout de même, quelque chose, si nous avions la volonté et le courage de la réaliser. Est-ce donc une comédie qui s’est jouée, au mois de juin 1919, dans la Galerie des Glaces ? Si j’en crois ce qui m’a été rapporté, il y a bien eu un certain nombre de personnes qui sont allées là comme au spectacle. Mais toutes les nations alliées qui s’étaient assemblées dans le château de Versailles pour apposer sur un parchemin leurs signatures et leurs sceaux n’étaient pas, j’imagine, venues pour défiler comme des figurants de théâtre devant un public curieux de scènes décoratives. Elles avaient l’intention de procéder à une cérémonie sérieuse et d’élever un monument durable. Il n’est que temps de le sauver de la ruine.

Raymond Poincaré.


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