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de Francfort, il eût fait beau voir M. Thiers ou ses ministres parader sous le nez désarmées de Manteuffel ! Mais ce qui est surtout intolérable, c’est le langage tenu, en public, dans des réunions systématiquement convoquées à l’effet d’entendre le procès des Alliés. Lorsque M. Fehrenbach ose dire que le Gouvernement allemand de 1914 et l’ancien Kaiser n’ont pas voulu la guerre, on est stupéfait qu’une allégation aussi monstrueuse puisse être proférée par le chancelier après les révélations du livre de Kautsky, mais surtout on se demande comment les Alliés, qui ont obtenu à Versailles l’aveu écrit et solennel des responsabilités allemandes, sont aujourd’hui d’humeur à laisser passer d’aussi insolentes contre-vérités. Lorsque M. Simons annonce aux habitants de Cologne que l’occupation cessera chez eux le 10 janvier 1925 au plus tard, il oppose volontairement un démenti aux affirmations réitérées de M. Millerand, qui n’a cessé de dire : « Le point de départ de la durée d’occupation est déterminé par l’exécution du traité. » Lorsque le ministre des Affaires étrangères dénonce comme exagérés les effectifs d’occupation, ou se plaint de l’établissement de champs d’aviation, il vient, en réalité, tâcher d’exciter contre les Alliés les habitants de la rive gauche. Lorsqu’il prétend que l’industrie française a accumulé des approvisionnements de charbon et que l’Allemagne n’a plus à nous fournir de combustible, non seulement il dénature les faits, mais il déchire le traité, puisque les chiffres fixés par le traité sont très loin d’être atteints. Lorsqu’il soutient que « les espérances conçues par l’Allemagne à la conférence de Spa » ne se sont pas réalisées, il nous prouve, une fois de plus, que les arrangements de Spa ont été remplis de promesses pour l’Allemagne, ce que nous ne savions que trop, mais il déprécie intentionnellement les bénéfices qu’en a tirés l’Allemagne. Car, à l’heure présente, le jeu de la convention de Spa a pour conséquence de permettre à l’Allemagne de se procurer des devises étrangères sur notre marché, de faire remonter le mark, de faire baisser le franc et d’aggraver encore à nos dépens la crise du change. Lorsqu’enfin M. Simons déclare que, si une occupation comme celle de Francfort se renouvelait, l’Allemagne aurait le droit de la considérer comme un acte d’hostilité, il nous rappelle les plus violentes improvisations de Guillaume II et les vieilles apologies de la poudre sèche. Mais, sur ce point comme sur les autres, il se pique de ne plus connaître le traité. Il faut donc ne pas nous lasser de redire que, contrairement à l’assertion de M. le docteur Simons, l’occupation de Francfort ne pouvait être regardée par l’Allemagne comme