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nouveau, il revint, appelé en France, disait Bonaparte, par ses affaires personnelles. À peine arrivé à Paris, il se livra aux plus extravagantes fanfaronnades, ne parlant que de tuer les royalistes. La Révellière s’effaroucha et pareillement Reubell ; en revanche, Barras fut charmé. Le 21 thermidor (8 août 1797), Augereau fut appeler à commander la division militaire de Paris. Pour la basse et laide besogne, l’homme était trouvé, ni au-dessus, ni au-dessous.


VIII

Visiblement, les catholiques, bien plus encore que les royalistes, se trouvaient menacés. Cependant, prêtres et fidèles, réconfortés par les votes des Conseils, espéraient encore échapper au péril, et jamais ils ne furent plus agissants qu’à la veille d’être replongés dans la persécution.

Dans Paris, ils ont multiplié les lieux de prière. Les églises les plus importantes appartiennent au culte constitutionnel : telles Notre-Dame, Saint-Germain-l’Auxerrois, Saint-Merry, Saint-Étienne-du-Mont, Saint-Sulpice. Mais tout autour, ils ont organisé des chapelles, et ils enserrent de toutes parts les temples qui ne leur appartiennent plus. Au centre de la ville, ils célèbrent les offices, rue de Cléry, rue Montorgueil, dans la maison des Filles-Dieu. Au faubourg Saint-Antoine, les mêmes cérémonies pieuses s’accomplissent rue de Reuilly et rue de Picpus. Dans la Cité, quatre oratoires sont comme accolés aux hautes murailles de Notre-Dame. Au faubourg Saint-Germain, l’église Saint-Thomas d’Aquin vient de faire retour aux catholiques. Non loin de là, rue du Bac, la chapelle des Missions étrangères se remplit chaque dimanche de fidèles qui se pressent dans l’enceinte, débordent dans les escaliers, se répandent dans la cour. Ce n’est pas tout. On voit reparaître, en ces jours de l’été, les solennités des premières communions. Dans quelques sanctuaires, des affiches sont posées qui semblent réminiscences de temps très lointains ; tel un avis de M. de Dampierre que certains rapports de police qualifient de sous-évêgue de Paris et qui prescrit des prières pour les besoins de la terre et la cessation de la pluie. Dans le même temps, un nouvel évêque reparaît, M. de Roquelaure, évêque de Senlis, qui a réussi à traverser la Terreur sans émigrer : le voici qui, sortant de sa