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toutes les voitures indistinctement et interrogeaient les occupants. Des membres de la Légation de France furent soumis à ce traitement sans respect pour leur immunité diplomatique.

Le lendemain, lundi, les journaux germanophiles annonçaient qu’on avait découvert les auteurs d’un attentat commis précédemment contre la Légation de Bulgarie. Il s’agissait d’une bombe inoffensive trouvée devant cette Légation et qui avait été vraisemblablement déposée soit par la police grecque, soit par le ministre Bulgare lui-même. Les journaux ayant insinué qu’un employé inférieur de la Légation britannique était gravement compromis dans cette affaire, Sir Francis Elliott qui n’était pas homme à tolérer une telle accusation contre un de ses subordonnés envoya sur-le-champ au Président du Conseil une lettre officielle ; il l’avertissait qu’à la première tentative pour impliquer dans ce prétendu complot un membre de sa Légation, il télégraphierait à l’amiral anglais d’envoyer des bâtiments de guerre au Phalère. Son employé ne fut pas inquiété.

Dans la soirée du même jour, grande réunion « du peuple d’Athènes et du Pirée » dans la plus vaste salle de la Faculté de Droit, pour protester contre les actes des Puissances alliées. Le doyen de la Faculté avait très sagement refusé d’accorder l’hospitalité à cette manifestation, mais sur l’ordre formel du ministre de l’Instruction publique, il dut revenir sur son refus et ouvrir la salle à une cinquantaine de personnages louches appartenant pour la plupart à la police. Au nom du peuple d’Athènes et du Pirée, ils dénoncèrent les actes commis contre l’Etat hellénique, « à tous les peuples libéraux de la terre, à leurs Parlements, aux gouvernements des États neutres, à la presse universelle, à l’opinion publique du monde entier ainsi qu’au Président de la République des Etats-Unis. »

Dans la même journée avait lieu à l’amphithéâtre du Stade une fête patriotique et militaire dont le Roi était le héros. Un chœur de six cents soldats chanta des hymnes enflammés : « A la frontière, à la frontière, qu’élargira l’invincible épée de Constantin. » Cette solennité avait été d’abord fixée au dimanche précédent, mais on venait d’apprendre l’occupation du fort de Rupel par les Bulgares et on avait jugé qu’une manifestation patriotique serait inopportune au lendemain de cet événement, d’où remise à huitaine.

La famille royale était présente et la foule, dans laquelle