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mique et les pourparlers de Londres ont donné à l’Allemagne l’espoir que le traité serait révisé. À la fin d’avril, a lieu la conférence de San Remo ; et, bien que M. Millerand obtienne que le Gouvernement du Reich n’y soit pas convoqué, la presse allemande exulte à la lecture du protocole final. La Francfurter Zeitung se déclare satisfaite et le Vorwärts triomphe. Les Alliés ont, en effet, constaté que « l’Allemagne n’a rempli ses engagements ni pour la destruction du matériel de guerre, ni pour la réduction des effectifs, ni pour la fourniture du charbon, ni pour les réparations, ni pour les frais des armées d’occupation. » Mais la seule pénalité que nous jugions à propos d’infliger aux auteurs de ces infractions réitérées, c’est de les inviter à une réunion prochaine, qui se tiendra à Spa, et nous leur promettons que, s’ils y apportent des explications satisfaisantes et des propositions précises, nous, serons prêts à « discuter avec eux toutes questions affectant l’ordre intérieur et le bien-être économique de l’Allemagne. » En même temps se poursuivait, sous l’inspiration de M. Keynes et de quelques financiers internationaux, qui avaient accès dans les milieux les plus divers, une vigoureuse propagande en faveur de ce qu’on appelait, d’un nom très équivoque, le forfait. Qui dit forfait dit, en général, fixation d’un prix irrévocable, en bloc et sans estimation préalable. Mais en France on mettait sous ce mot des idées contradictoires, tandis qu’en Allemagne on y mettait simplement celle d’un rabais. Les prétentions du Reich sont, d’ailleurs, à cet égard, devenues de plus en plus audacieuses et peu à peu s’est fait jour cette thèse que la dette allemande ne devait plus aucunement dépendre du montant de nos dommages, mais seulement de l’état économique de l’Allemagne, présenté, bien entendu, sous les couleurs les plus sombres. Tel est, entre San Remo et Spa, le leitmotiv de toute la presse d’Outre-Rhin.

Au commencement de mai, réunion à Hythe des premiers ministres, en dehors de la Commission des réparations. Déclaration commune extrêmement fâcheuse. On y proclame, contrairement aux stipulations du traité, qu’il y a urgence à mettre l’Allemagne à même de recouvrer son autonomie financière ; on y ajoute qu’il convient de fixer, pour le règlement de la dette allemande, une somme forfaitaire, compatible avec la capacité de paiement de l’Allemagne, c’est-à-dire qu’on ne songe plus à évaluer les dommages et qu’on veut décider, dès aujourd’hui, ce que l’Allemagne sera en mesure de payer dans dix ou vingt ans. Comme le remarque très justement, dès le lendemain, dans le