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LITTÉRATURES ÉTRANGÈRES

UN ROMAN DE GUERRE DE CLARA VIEBIG


CLARA VIEBIG : TOECHTER DER HEKUBA. — DAS ROTE MEER[1]


Depuis plus de vingt ans, le nom de Mme Clara Viebig est populaire en Allemagne. Il est même du petit nombre dont la réputation ait franchi la frontière et se soit fait connaître en France. Le fait est que les deux romans de cet auteur qui ont été traduits chez nous voilà une quinzaine d’années sont des œuvres très remarquables[2]. Le Pain quotidien est un très bon roman naturaliste. La Garde au Rhin est toutefois un livre bien supérieur, un des plus forts qu’on puisse lire sur le grand drame moral et politique de l’unité allemande. Pour qui a suivi ici même les belles études de M. Julien Rovère sur le passionnant problème de la Rhénanie, nul document ne saurait être plus instructif. L’histoire du malheureux sergent-major Rinke, le sous-officier prussien en garnison à Düsseldorff, qui épouse une « fille du Rhin » et ne la comprend pas plus qu’elle ne le comprend ; le destin de ce pauvre diable d’automate, incapable de donner et de sentir le bonheur, glaçant d’effroi tout ce qu’il aime, faisant faire l’exercice à sa fille avec un bâton, et qui se tue le jour où il a reconnu son fils sur une

  1. 2 vol. in-16, Berlin, Egon Fleischel et Cie 1917-1920.
  2. Le Pain quotidien, 1 vol. in-16, Paris, Taillandier, édit. 1905 ; La Garde au Rhin. 1 vol. in-18, Paris, Juven. édit. 1904.