Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 59.djvu/571

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

majorité des évêques français, — avec l’assentiment du Souverain Pontife Pie X, — à défaut de la propriété de nos églises, tenta d’en acquérir la jouissance légale, en les louant gratuitement aux municipalités, comme les y autorisait la loi de 1907. Nous n’avons pas à rappeler ici par suite de quelles circonstances cette tentative échoua, mais elle témoigne de la conviction de nos évêques d’alors que la seule manière d’être en sécurité dans nos églises serait d’y être chez nous, soit à titre de locataires, soit à titre de propriétaires, comme nous y serions par l’intermédiaire des Cultuelles de 1905 légalement constituées.

Où en sont nos séminaires ? A la suite de la loi de séparation et de notre refus de constituer les Cultuelles, 147 de nos petits séminaires ont été confisqués ; un bon nombre n’ont pu encore être reconstitués, leurs élèves ont été dispersés, transportés, partagés parfois entre plusieurs établissements déjà existants ; ceux même qui ont été reconstitués ne l’ont pas été pour la plupart dans les villes, ni même dans les régions où ils avaient jusqu’ici recruté leur clientèle, mais là où l’on a pu trouver un asile souvent insuffisant et précaire, en des situations peu propices, éloignés des centres où ils avaient été fondés et où ils bénéficiaient d’une longue tradition.

Le premier résultat a été la diminution, en des proportions rapides et alarmantes, du nombre des élèves ecclésiastiques. Ce nombre, dans les années qui ont suivi immédiatement la séparation, même dans les diocèses les plus pratiquants, a été réduit du tiers, de la moitié, parfois des deux tiers. D’ailleurs, les évêques, dépouillés, en même temps que des lieux où ils abritaient leurs jeunes clercs, des ressources qui les faisaient vivre, se voient souvent obligés de réclamer des familles pauvres ou peu aisées des sacrifices qui achèvent de les décourager. Cette confiscation de nos petits séminaires et de leurs menses est venue aggraver une situation déjà critique, à l’heure où les incertitudes et les menaces de l’avenir dissuadent beaucoup de parents de nous confier leurs enfants, et l’on s’explique l’anxiété d’un grand nombre d’évêques, prévoyant à une échéance prochaine ou subissant déjà l’impossibilité de donner des prêtres à beaucoup de paroisses qui, par l’absence de leurs curés, restent livrées sans contrepoids à l’influence révolutionnaire.

La suppression ou la désorganisation de nos petits séminaires a eu, sur l’enseignement secondaire libre, une influence non