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II

Il nous reste à prouver que, dans l’état actuel de notre législation, seules les Associations de 1905 offrent ces garanties ; elles sont le seul terrain où nous puissions recouvrer quelque chose des biens dont nous avons été injustement spoliés, — s’il est vrai, comme on l’affirme, que le gouvernement serait disposé à rendre à ces associations la part de ces biens qui n’a pas été irrévocablement aliénée, — le seul et le meilleur terrain où nous puissions en acquérir de nouveaux, le seul où nous puissions les défendre.

Pour s’en convaincre, il suffit d’examiner ceux que, pressés par la nécessité, nous avons essayé ou nous essayons encore d’y substituer.

C’est d’abord la propriété personnelle. A l’heure où nous écrivons ces lignes, les sept dixièmes au moins de nos biens meubles et surtout immeubles, reposent sur cette propriété personnelle. De presque toutes les églises, bâties depuis la séparation, les curés qui les ont édifiées se déclarent les propriétaires légaux. Le premier inconvénient de ce mode de propriété est, en bien des cas, d’être fictif, puisque les prêtres constructeurs sont souvent, au su de tous, sans patrimoine et dépourvus de ressources, et qu’ils les ont édifiées avec les offrandes des fidèles sollicitées publiquement. Le Gouvernement le sait ; en le disant, nous ne lui apprenons rien et plusieurs évêques ont été prévenus que, le jour où il le voudrait, nous serions dépouillés de ces églises, très iniquement, mais très légalement. En attendant, à la mort de chaque curé, nous sommes, nous serons de plus en plus, livrés à la bonne foi ou à la mauvaise foi de ses héritiers naturels qui, en plus d’un cas, nous ont déjà imposé leurs exigences. En admettant qu’ils soient de bonne foi, nous ne pouvons leur imposer, à la mort du curé propriétaire, les frais de succession d’un édifice dont ils nous laissent la jouissance gratuite ; il nous faudra nous en acquitter nous-mêmes. Or, ils sont énormes, déjà de 30 à 40 pour 100, en sorte qu’en deux ou trois successions, la valeur de l’immeuble et le capital seraient entièrement absorbés. Comme ces curés ont été choisis, pour la plupart, entre les jeunes, ces conséquences désastreuses ne se sont encore produites que très partiellement, mais elles