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puis des Sénégalais ne peuvent jouer qu’entre les avant-postes et les tranchées de l’Yser ou de Caeskerkc où les troupes subissent des bombardements continuels. D’ailleurs, les troupes que j’ai pu mettre en réserve à Caeskerke ont presque toujours été employées, et dans des conditions très dures. Un pareil régime ne peut se prolonger sans gros inconvénients, mais ceux-ci sont probablement les mêmes sur toute l’étendue du front des Alliés.

2° L’offensive de la 42e division devant Dixmude, qui n’avait rien donné en soi, avait eu cependant, du moins je le crois, l’utilité qu’en attendait le haut commandement, et qui était d’obliger l’ennemi à maintenir ses forces devant mon secteur, sinon à les renforcer, au profit de nos offensives du Sud. Toutefois, l’artifice n’avait pas joué pour l’artillerie, que les Allemands avaient transportée dans le Sud, mais qu’ils avaient ramenée dans le Nord, en la renforçant, en même temps que la 42e division s’en allait. Je ne songe pas à discuter les avantages et les inconvénients de ces rocades dans les deux camps, car je n’ai rien à y voir. Je constate seulement que la situation de mon secteur n’y a rien gagné.

3° Je n’ai plus assez d’artillerie pour pouvoir tenir longtemps une position aussi difficile que la tête de pont. Je ne dispose plus que de sept pièces d’artillerie de campagne françaises, et de douze pièces belges, à la date du 10 novembre. Encore, les batteries belges ne sont-elles en position que depuis la veille, et ne connaissent-elles pas le terrain qu’elles ont à battre. Le ravitaillement en munitions est très maigre, comme partout ailleurs évidemment, mais ici les Allemands ont l’avantage d’une position dominante qui facilite l’observation de leurs tirs ; nous savons les inconvénients de la position inverse, aggravée par la précarité de nos ressources en matériel téléphonique, plus fortement aggravée, encore, par la forme très désavantageuse de notre front avancé.

4° On m’a dit que les Allemands avaient construit des souterrains qui reliaient leurs lignes à l’intérieur de la ville. Cela n’est pas impossible, techniquement parlant, car les côtés du terrain permettaient l’exécution de travaux de ce genre, dans un secteur très restreint cependant, mais je n’y crois pas du tout, et les raisons autres que celle-là suffisent pour expliquer notre aventure. Au surplus, je puis synthétiser ces raisons, qui