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situation nouvelle et notamment pour interdire à l’ennemi toute reprise de l’initiative des opérations, les années de la coalition seront prêtes à entreprendre des offensives d’ensemble dès la première quinzaine de février 1917, avec tous les moyens dont elles disposent.


Le premier paragraphe marque nettement la volonté de ne pas considérer la bataille de la Somme comme terminée, et le second la volonté d’imposer sans tarder aux Allemands la continuation d’un effort que tout révélait épuisant pour eux. Les documents aujourd’hui connus prouvent que leur résistance touchait à la limite.

Pour exécuter la deuxième décision, en ce qui concernait l’armée française, le général Joffre faisait préparer la reprise des opérations actives pour la première quinzaine de février sur le front de la bataille de la Somme, étendu d’Arras à l’Oise. L’armée anglaise devait s’associer à cette grande opération en liaison intime avec la gauche de l’armée française.


Joffre était absorbé par cette nouvelle entreprise ; il avait les yeux fixés sur elle lorsqu’une décision du gouvernement lui retira le commandement des armées.

Or, le recul allemand étant sur le point de s’effectuer, puisqu’il se produisit en mars 1917, précisément sur ce front Arras-Soissons, on est en droit de penser que, si la grande opération préparée eût été déclenchée en février, — comme il avait été décidé, — elle eût pris l’ennemi en flagrant délit de manœuvre en retraite, et qu’elle lui eût porté des coups décisifs à l’heure précise où il se découvrait.

Ce dernier acte de la bataille de la Somme, les Allemands l’ont joué tout seuls, et sans être inquiétés.

Donc, à l’heure précise où le général Joffre aboutissait au résultat qu’il poursuivait depuis trois ans, au moment où il réalisait l’unité de commandement et la plénitude de préparation et d’armement de l’armée française et des armées alliées, quand, il avait enfin en mains l’instrument monté au prix de quels sacrifices ! à l’heure où l’ennemi se résigne à la paix et où ses armées se replient, Joffre doit quitter ce haut commandement qui inscrit, parmi ses titres à la reconnaissance du pays et de l’univers, la Marne, l’Yser, Verdun, la Somme.