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à y extraire du charbon. L’inondation a passé par-là avec ses ravages habituels, éboulements, boisages pourris, fers rongés par les eaux acides ; gonflement des argiles ayant poussé sur les maçonneries, etc. A cet égard aussi, Anzin s’est trouvé favorisé. On avait eu le temps d’y prendre, pendant l’occupation allemande, quelques précautions en vue d’un chômage que l’on estimait inévitable au moment du recul allemand, tout en ne supposant pourtant pas qu’il serait prolongé à ce point par les destructions systématiques.

En résumé, voici quelle est aujourd’hui la situation d’Anzin. Sur 20 fosses en exploitation avant la guerre, 14 ont été remises en marche par des moyens de fortune, soit qu’elles n’aient pas été noyées, comme la fosse La Grange, sauvée par la vigilance d’un ingénieur et le dévouement d’un chef porion ; soit qu’elles aient pu être dénoyées à l’aide des moyens dont la Compagnie disposait ; soit enfin que les étages supérieurs y aient été accessibles alors que les eaux avaient seulement envahi les étages inférieurs. L’extraction journalière est ainsi passée de 50 tonnes au 1er janvier 1919 à 2 896 tonnes au 31 décembre de la même année et 3 779 tonnes au 15 juin 1920 (contre 11 000 avant la guerre). L’une des fosses en travail réalise même ce tour de force d’atteindre une production locale supérieure à celle d’avant-guerre, malgré le caractère désuet des engins utilisés. Le dénoyage de cinq fosses est terminé. Sur toutes les autres, l’épuisement fonctionne, à l’exception de la fosse Thiers dont, nous l’avons dit, le cuvelage a été crevé. Les chevalements des puits sont, ou achevés, ou en bonne voie d’exécution. Sur 34 machines d’extraction, deux ont été oubliées par l’ennemi, une a été réparée, trois ont été remplacées, douze sont en cours de livraison, douze autres à l’étude. La population ouvrière dépasse 11 000 hommes contre 16 000 autrefois. Comme conclusion, dans cette concession d’Anzin, on pense produire au moins 6 600 tonnes par jour à la fin de 1920 (soit environ 60 pour 100 de l’extraction ancienne) et avoir tout remis en état au cours de 1924.

Les autres mines appartenant à cette même zone relativement épargnée ont obtenu des résultats analogues qui annoncent le retour progressif à un état normal. Aniche, au début de 1920, donnait déjà 1 000 tonnes par jour contre 8 000 avant la guerre. A Ostricourt, la production monte actuellement à 400 tonnes et arrivera à 1 500 à la fin de 1920, quand les