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ont monté, non seulement on ne rembourse pas le dommage effectivement subi par suite de cette majoration, mais on prétend même ne pas payer la somme prévue à l’assurance, sous prétexte que l’assuré se serait constitué son propre assureur pour une partie de son risque. Le malheureux qui, de très bonne foi, avait cru se couvrir en payant une forte prime, est exposé à entendre discuter âprement une à une les valeurs d’objets qu’il aurait été beaucoup plus avantageux pour lui de laisser brûler entièrement. Le cas est analogue pour nos régions détruites, par le fait seul qu’une commission des indemnités fonctionne et doit estimer les dommages.

Ces problèmes d’argent sont assurément bien vulgaires et nos puissantes Compagnies minières, habituées à compter sur un très large crédit, ne se les posaient guère autrefois quand elles voulaient engager quelque dépense ; mais elles subissent, en ce moment, le sort général de notre pays, qui s’adapte difficilement à une mentalité de pauvre au milieu du tourbillon effréné des richesses fiduciaires. Quand on veut acheter une machine en Amérique, on est pourtant bien forcé de se rappeler qu’un billet de banque de cent francs ne représente pas cent francs d’or, mais 40 ou 50 francs. Cet état de choses cessera ou s’atténuera le jour où nous n’aurons plus autant d’achats à opérer aux États-Unis et en Angleterre, quand notre propre industrie sera ressuscitée ; mais, comme il faut, pour cela, avant tout, que nos mines de charbon recommencent à produire, les dépenses de leur réfection seront nécessairement réglées ou du moins engagées au total pendant la période du change le plus déprécié. Il viendra, espérons-le, un moment où, à défaut d’arguments sentimentaux sans action, nos créanciers et fournisseurs constateront à leurs dépens que, s’ils ne veulent aboutir eux-mêmes à la ruine, ils sont forcés, dans leur propre intérêt, de nous ouvrir de larges crédits à très longue échéance. Ce jour-là, le problème du change, qui se pose ici à nous incidemment, commencera à se simplifier.

Distribution de force. — La distribution de la force est un des cas où se manifeste le mieux la tendance moderne à la centralisation. Particulièrement sur des houillères, il est tout indiqué d’employer les mauvais combustibles à alimenter des centrales, électriques, qui subviendront ensuite à tous les besoins de la région. Pour beaucoup de raisons, la généralisation