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de mitrailleuses s’établissent à Dixmude et plus en arrière, avec une grand’garde sur la route de Beerst. Le groupe d’artillerie Pontus est mis en batterie au Sud de la chapelle Notre-Dame du Bon Secours, 1 kilomètre à l’Est de Dixmude où j’établis mon poste de commandement.

Dans l’après-midi, je me rends compte que notre ligne d’avant-poste a un développement trop grand pour 2 bataillons. Je pousse donc le bataillon Rabot (3/1) sur Eessen, en soutien, et je fais organiser la lisière Est de Dixmude par le bataillon de Sainte-Marie (1/1) et une compagnie du génie belge. Une fois ces mouvements effectués, ma brigade a donc deux bataillons et un groupe d’artillerie en ligne, deux bataillons en soutien, et deux bataillons en réserve.

Les conditions physiques du terrain sont les suivantes : La ville de Dixmude, dont la grande place est à la cote 8, est bâtie sur la rive Est de l’Yser, à l’extrémité Nord-Ouest d’un éperon qui vient du Sud-Est, et qui forme, en somme, le terminus de la terre ferme. Dans la direction de Clercken, qui est l’arête de cet éperon, si l’on peut ainsi parler, le terrain monte à la cote 30 en deux kilomètres, pour atteindre la cote 40 aux environs de Clercken. Dans tous les autres azimuts, l’éperon est bordé par le polder dont les drains principaux sont le canal de Vladsloo qui monte vers le Nord, le canal d’Handzaeme qui aboutit à, l’Yser, et l’Yser lui-même qui est canalisé avec chemin de halage en digue sur la rive Ouest. A l’Ouest de l’Yser, le polder s’étend à perte de vue, à la cote 4 en général, et ses routes ou voies ferrées sont toutes en remblai. Le polder est sillonné dans tous les sens par une infinité de canaux (vaarts) grands ou petits, et de fossés d’eau (vliets) qui en assurent le drainage, et qui rendent la circulation des troupes très difficile, si les routes et chemins de terre ou d’herbe sont battus par l’artillerie. Il résulte de cela que celui qui possède l’éperon Clercken-Dixmude se procure des avantages très sérieux sur un adversaire qui n’occupe que le polder. D’une part, il peut se protéger en s’enterrant dans des tranchées aussi profondes qu’il le veut, et il peut aussi dissimuler facilement son artillerie. D’autre part, il voit tout ce qui se passe dans le polder, où l’adversaire ne peut rien cacher, car il ne peut creuser la terre sans rencontrer une nappe d’eau a 1 mètre de profondeur au maximum, quand le niveau général de la nappe souterraine est normal.