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que peu ou point de part. Au cours d’un récent voyage que nous avons pu faire dans le Wyoming, l’Utah, l’Idaho, au cours des conversations que nous avons pu avoir avec les fermiers et cowboys de l’Ouest, de ceux enfin qui furent les électeurs déterminants de la dernière élection, nous avons constaté qu’à part quelques politiciens de village, la plupart ou bien ignoraient tout des débats du Sénat, ou bien se prononçaient contre toute entente avec l’Europe qui pourrait entraîner l’Amérique dans une nouvelle guerre. Le Traité et la Ligue sont morts aujourd’hui pour la campagne présidentielle comme ils le sont, depuis longtemps déjà, pour l’Amérique et l’opinion américaine.

Les questions qui passionnent l’opinion et qui paraissent devoir être passionnément discutées dans la campagne sont d’abord la prohibition, la cherté de la vie, les impôts, puis les questions de politique intérieure, service militaire obligatoire, résidents étrangers, réformes budgétaires, les questions agricoles, sociales et ouvrières, enfin la politique japonaise et les lois d’immigration, la politique mexicaine. Qui des deux candidats semble aujourd’hui mieux désigné pour les discuter, les résoudre et, par ses promesses, inspirer confiance ? Quelle paraît être enfin la valeur individuelle et électorale, la position de l’un et l’autre adversaire avant la dernière bataille ?

Par une curieuse coïncidence, le sénateur Harding et le gouverneur Cox ont eu un premier départ de vie, puis une carrière politique, à peu près identiques. Tous deux sont de l’Ohio et fils de fermiers. Ceci est, pour chacun, une force ; car l’Ohio est, de tous les États de l’Union, le plus populaire ; et rien n’est meilleur, pour un politicien américain, que de pouvoir parler de son enfance et de sa jeunesse passées dans une ferme. L’un et l’autre pourtant abandonnèrent, presque au même âge, l’agriculture pour se donner au journalisme. Chacun d’eux fut d’abord prote, compositeur, imprimeur, agent de publicité et directeur de son propre journal. Par leur travail et leur habileté, tous deux réussirent à acquérir une influence politique dans l’Ohio, en même temps qu’ils fondaient un second journal. Tous deux se marièrent vers la même époque ; M. le sénateur Harding épousa une cousine éloignée du gouverneur Cox et qui était déjà divorcée. M. le gouverneur Cox divorça après plusieurs années de mariage et se remaria récemment avec une femme qui