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rapport aux sorties de l’année dernière, ont gagné 61 p. 100 en valeur et 89 p. 100 en poids. Notre commerce d’exportation, s’il est encore déficitaire, se rétablit donc avec une régularité tout à fait rassurante; et ces résultats sont une réponse topique aux calomnies usuelles de nos anciens ennemis, dont les journaux se plaisent à nous accuser de paresse, d’insouciance et de légèreté. Après avoir donné, dans la guerre, des exemples d’héroïsme qui peuvent supporter la comparaison avec les plus belles actions de l’histoire, la France s’est remise au travail sans se laisser déprimer un instant par le souvenir de ses deuils ou par la douleur de ses blessures, et elle ne se lasse pas de prouver à l’humanité que nous étions dignes de la victoire.

Pendant que la Commission des finances délibérait sur le budget et sur l’emprunt, le Sénat a voté, en un tournemain, le traité de paix avec la Bulgarie, tel qu’il a été signé à Neuilly-sur-Seine le 27 novembre dernier. Neuilly, Versailles, Sèvres, Saint-Germain, combien de villes élégantes ou gracieuses, ont reçu, depuis plusieurs mois, aux environs de Paris, la visite des plénipotentiaires chargés de rendre la paix au monde bouleversé ! C’est comme une auréole de grands souvenirs diplomatiques qui va illuminer désormais le front de la capitale française. Souhaitons que ce ne soit pas simplement une couronne de papier, et que les signataires des traités ne se prêtent pas plus longtemps aux entreprises de ceux qui veulent l’arracher et la jeter sur le sol. A Neuilly, du moins, la Bulgarie paraît avoir mis quelque bonne volonté à prendre les engagements que lui demandaient, à la fois, la France, les États-Unis, l’Empire britannique, l’Italie, le Japon, — se qualifiant toujours, avec la même impertinence qu’à Versailles et à Saint-Germain, de principales puissances alliées et associées, — et derrière elles, modestement effacées, la Belgique, la Chine, Cuba, la Grèce, la Pologne, le Portugal, l’État Serbe-Croate-Slovène, le Siam et l’État Tchéco-Slovaque. J’oublie le Hedjaz, qui, le 27 novembre, date de la signature, était encore de toutes les fêtes. C’est en moins d’une semaine et à la veille de leur départ que les deux Chambres ont donné leur adhésion au traité. De toutes les puissances la France s’est ainsi trouvée la dernière à autoriser la ratification de cet instrument diplomatique. Assurément, elle a eu, même avant la guerre et, en particulier, depuis 1912, de trop nombreux et trop légitimes motifs d’irritation contre la Bulgarie, qui s’est aveuglément abandonnée, pendant de longues années, à la tyrannie d’un maître avide, fourbe et superstitieux et qui a été, dans les Balkans, la servante à tout faire des