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perpétuelle présence des Chambres ait toujours été sans inconvénients, qu’elle ait laissé aux gouvernements qui se sont succédé de 1875 à 1914 assez de temps pour étudier les affaires et pour surveiller les administrations, je n’oserais l’affirmer. Mais elle est peu à peu entrée dans les mœurs et il ne s’est pas passé une seule année où, close vers le mois d’août, la session n’ait été rouverte dans le courant d’octobre. Puisque nous sommes, dit-on, revenus au temps de paix, nous reprenons donc, bonnes ou mauvaises, les pratiques, d’avant-guerre.

Les heures qui ont précédé la lecture, discrètement annoncée, du décret de clôture, ont été marquées, il en faut convenir, par un travail impatient, fébrile et désordonné ; et il eût été plus conforme à la dignité du ministère et des Chambres de ne pas proposer et voter, à la hâte, tant de lois importantes, dont quelques-unes eussent exigé une étude plus approfondie. Tout le monde eût gagné à ce qu’il fût réservé une ou deux journées de plus à des questions telles que l’emprunt ou la circulation fiduciaire. Mais les valises étaient bouclées et personne n’avait un très vif désir de prolonger le séjour à Paris. En une seule séance, qui a duré, il est vrai, un matin, un après-midi et la presque totalité de la nuit, le Parlement a donc expédié, à une allure vertigineuse, une besogne diverse et formidable. Il a voté des crédits pour la célébration du cinquantenaire de la République et pour la glorification de la victoire qui nous a rendu l’Alsace et la Lorraine. Il a adopté un projet relatif aux services maritimes postaux entre la France, le Brésil et la Plata. Il a donné aux ministres de généreux contingents de décorations à distribuer. Il a institué une Commission supérieure de cassation, chargée de juger les pourvois formés contre les sentences arbitrales, en matière de baux ruraux et, de baux à loyers. Il a rejeté un projet relatif aux limites d’âge des officiers généraux, colonels et fonctionnaires militaires de grades correspondants. Il a adopté d’autres projets qui concernaient les caisses d’épargne, l’exploitation du service postal entre le continent et la Corse, la composition du conseil des musées nationaux, l’exportation des œuvres d’art, les habitations provisoires dans la banlieue de Paris, le crédit au petit et moyen commerce, ainsi qu’à la petite et moyenne industrie, les retraites des ouvriers qui ont irrégulièrement versé leurs cotisations pendant la durée des hostilités, la position de disponibilité des magistrats qui composent la Cour des Comptes, les retraites des ouvriers mineurs, l’établissement d’un réseau électrique dans les régions libérées, la translation au Panthéon du cœur de Gambetta, l’aménagement de l’hôpital