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les dollars américains mettent aux mains des chercheurs de là-bas, il a pu ainsi prouver d’une manière indubitable que les taches du soleil constituent des champs magnétiques puissants dont l’intensité dépasse parfois 3 000 gauss, c’est-à-dire est jusqu’à plus de 6 000 fois plus forte que celle de la force magnétique, qui, à la surface de notre terre, dirige la boussole vers le Nord.

Cette découverte d’une importance capitale est d’accord avec ce que permettait de prévoir la théorie.

Depuis longtemps, en effet, l’analyse spectrale a établi que les taches solaires présentent des mouvements tourbillonnaires analogues à ceux de nos cyclones, ce qui donne un mouvement de rotation très rapide aux particules gazeuses qui s’y trouvent. Or il suffit que des particules de matière tourbillonnaire soient par surcroît chargées d’électricité pour engendrer un champ magnétique. Les expériences célèbres de Rowland ont, en effet, établi depuis longtemps qu’il doit en être ainsi, et que de la matière électrisée, en mouvement rapide est assimilable à un courant galvanique, et est capable comme celui-ci de dévier les aimants.

Or, que la matière soit électrisée dans les couches mouvantes de l’atmosphère solaire, c’est ce qui était, a priori, très probable, pour diverses raisons, et d’abord parce qu’on sait maintenant que les corps incandescents émettent en quantité des électrons négatifs. Cet effet Edison, — ainsi appelé, du nom de celui qui l’a découvert, — est si intense, que le filament de Carbone d’une lampe à incandescence peut produire, par exemple, de cette façon, un courant électrique de plusieurs ampères par centimètre carré de sa surface. C’est, — je le rappelle, — l’utilisation de cet effet Edison qui a permis de réaliser les lampes-soupapes à plusieurs électrodes grâce auxquelles ont été rendus possibles tous les progrès récents de la T. S. F. et de la téléphonie sans fil. Quoi qu’il en soit, la surface du soleil, dont la température est très supérieure à celle de n’importe quel filament de lampe, doit en conséquence émettre une quantité prodigieuse d’électrons, et il était pour ces motifs bien probable a priori que les taches solaires devaient présenter, comme Haie l’a découvert, des champs magnétiques intenses.

Cette découverte permettait de reprendre sur des bases nouvelles le calcul de lord Kelvin. C’est ce qu’a fait M. Schuster et il a établi que, même si toutes les taches solaires étaient de même polarité au point de vue magnétique (ce qui n’est pas le cas, puisque les taches tournent, comme nos cyclones terrestres, dans des sens différents