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allait falloir de nouveau à chaque échelon de la cascade hiérarchique (divisions, brigades, régiments) pour lire, transformer, rédiger et transmettre aux innombrables escadrons les ordres que je venais d’apporter. Il était donc fatal que « l’attaque à fond » de la cavalerie allait être lancée très en retard, sinon pas du tout…

A 8 heures, j’étais de retour au poste de commandement du général de Maud’huy à Aubigny ; la situation de la nuit telle qu’elle y était connue depuis 7 heures se résumait ainsi : rien de grave ne s’était produit ; au 10e corps, comme au corps provisoire, les positions de la veille avaient été maintenues ; on signalait « des batteries allemandes à la crête de Notre-Dame-de-Lorette. » Un commencement de calme semblait donc s’être fait autour d’Arras.

Néanmoins, le général de Maud’huy et le lieutenant-colonel des Vallières ne devaient pas partager mon trop jeune optimisme : ils paraissaient graves… Ils craignaient à leur droite la retraite des territoriaux ; et ils pensaient que « dans la retraite ce serait la poursuite par les feux d’artillerie qui serait le plus à craindre. » Ils disaient qu’en conséquence « il faudrait donner aux corps d’armée des instructions au sujet des formations. » Prévoir étant pouvoir, ils prévirent des zones éventuelles de retraite vers Saint-Pol, avec deux positions successives en échelon refusé à gauche. Un ordre à ce sujet fut préparé pour le corps provisoire, qui lui fixait comme première position la ligne Mont-Saint-Eloy-Etrun ; et comme seconde position la ligne Frevillers-Aubigny. Mais ce n’était là que de prudentes précautions faites dans un moment de répit relatif, en attendant que fût déclenchée l’attaque des deux divisions du 21e corps et de la cavalerie, sur lesquels reposaient tous les espoirs de la journée…

Le général Maistre avait articulé sa 13e division pour la journée du 6 en exécution des instructions que le général de Maud’huy lui avait envoyées la veille :

Ne laissant dans la région de Lille qu’un détachement sous les ordres du général Dumézil (2 bataillons de chasseurs, 4 bataillon du 158e, 3 bataillons de territoriaux, une batterie, et 4 escadrons) avec mission de maintenir le contour apparent des positions actuellement occupées par la 13e division, Lille compris, le général Baquet était chargé de l’attaque sur Lens, avec le reste de sa division :