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rendait compte qu’il avait maintenu sa gauche pendant la nuit, mais que sa droite « menacée du Sud » avait dû se replier sur Ficheux ; et le général de Maud’huy lui donnait sur-le-champ l’ordre de « maintenir à tout prix ses positions, » et d’occuper Blaireville et Ransart. Mais à 8 heures 15, un officier du 10e corps revenait rendre compte que sa droite était de plus en plus « menacée » au Sud-Ouest de Ficheux, « vers Blaireville… » et le capitaine à téléphonait du central d’Arras que la gare de Beaumetz-les-Loges, sur la ligne Arras-Doullens, était bombardée. Il n’était pourtant pas possible de mettre en doute de pareils renseignements…

Est-ce qu’après notre gauche, la retraite allait maintenant gagner tout le 10e corps ?

Le général de Maud’huy prescrivit immédiatement d’envoyer à Beaumetz quelques éléments d’infanterie pris sur sa nouvelle réserve d’armée qui débarquait à Saint-Pol et qui n’était même pas encore arrivée sur le champ de bataille : puis il appela au téléphone le général Anthoine, chef d’État-major du général de Castelnau, dans l’intention de lui demander de soutenir la droite de la 10e armée.

Je retrouve les quelques notes incomplètes que j’avais sténographiées sur le vif au cours de cette conversation. Les voici, datées de 8 heures 30 :

— Vous tenez ?… de part et d’autre de la Somme ?… Mais ?… Danger à gauche ?… attaque ?… Par Ransart vers Beaumetz… fortes inquiétudes !… Oui… Oui… Mais… Est-ce qu’il n’y a pas moyen d’envoyer quelque chose dans le dos de ces gens-là ?… Où est la 8e division de cavalerie ?… On ne la trouve plus !… Non… On ne sait pas ?… Elle a reçu l’ordre de nous aider ?… Oui… J’ai reçu l’ordre de tenir, je tiendrai… mais il faut remarquer que plus je tiens, plus la situation devient dangereuse… Oui… J’ai tout préparé pour Saint-Pol… je ferai ce que je pourrai… Ah ? Le général Foch doit être ici dans 2 heures…

Mais une demi-heure plus tard, à 9 heures, la situation devint tout à fait « angoissante, » à la nouvelle que des obus allemands venaient de tomber sur la gare de Saulty, sur la ligne Arras-Doullens, à 15 kilomètres à l’Ouest d’Arras… et que l’ennemi continuait à progresser aux deux ailes de l’armée, menaçant de l’encercler dans Arras.

Le général de Maud’huy estima qu’il fallait s’occuper de