démocrates fondaient aussi leur espoir sur Stresemann. Ils se demandaient s’il ne serait pas un jour possible de jeter la social-démocratie par-dessus bord et de former ainsi une majorité bourgeoise avec le Centre, les démocrates, le parti populaire et peut-être une fraction des nationaux-allemands.
Pouvait-on utiliser l’esprit anti-révolutionnaire de la bourgeoisie sans tomber dans l’antisémitisme conservateur ? On ferait alors une restauration qui, loin de ramener les dynasties déchues et de compromettre l’unité allemande, donnerait à l’Allemagne une sorte de monarchie constitutionnelle. Regardant vers la droite, certains démocrates s’étonnaient que Stresemann eût tenu des propos si durs à l’égard de leur parti.
On augurait donc bien de l’avenir. Les Hamburger Nachricnten du 22 octobre déclaraient que le Congrès avait fait du bon travail ; que la bourgeoisie allemande avait raison de rompre avec les démocrates trop indulgents à l’égard du socialisme ; que le parti défendait les principes auxquels il demeurait fidèle depuis soixante ans ; que le socialisme commençait à douter de lui-même et qu’enfin les deux partis de droite, sans avoir besoin de fusionner, constituaient une « Droite nationale » capable de relever l’Allemagne de ses ruines.
Mais il fallait d’abord discréditer le régime actuel. Lors de la proposition prussienne concernant l’unité allemande, la droite se montra méfiante et sceptique. De quelle Prusse s’agissait-il ? Dans quel sens voulait-on réaliser l’unité ? N’était-ce pas pour démembrer la Prusse d’aujourd’hui ? On entendait travailler pour la véritable unité allemande, fondée sur le « sentiment national, » pour la Prusse intégrale, seule capable d’en maintenir la tradition ! On prévoyait d’ailleurs que le projet, déchaînant tous les particularismes, échouerait fatalement. « Ne touchez pas à la Prusse, s’écriait-on ; car vous ne rayerez pas de l’histoire les services qu’elle a rendus. Elle seule peut reforger l’épée de la résurrection nationale. C’est la maudite révolution qui favorise le particularisme. Démembrera-t-on la Prusse quand, à l’Ouest et dans le Sud, s’affirment les tendances centrifuges ? » Au moment où l’idée d’une simple décentralisation administrative en Prusse se fait jour, la Droite se félicite de voir abandonnée la thèse du démembrement. Et le Tag rouge de démontrer au Hanovre qu’il a tout intérêt à rester, dans le cadre prussien, que seul un territoire aussi vaste que la Prusse