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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Le Sénat s’est mis avec ardeur à voter le budget que lui a envoyé, aux environs de la fête nationale, la Chambre des députés. Quel budget ? A la date où nous sommes, c’est celui de 1921 qui devrait déjà venir en discussion ou, tout au moins, être déposé. Répondant à d’instantes prières de M. Jenouvrier, de la Commission des finances et de M. Léon Bourgeois lui-même, le gouvernement a promis d’effectuer ce dépôt avant la séparation des Chambres. On ne peut que le remercier vivement d’une aussi sage résolution. Il est temps que les bonnes règles budgétaires reprennent leur empire et que les finances publiques soient remises, dans les pays alliés, à l’école de l’ordre et de l’économie. M. Lloyd George disait, ces jours derniers, aux Communes : « Les charges résultant d’un grand succès, même plus lourdes, sont plus aisément supportées que celles d’une défaite. » Sans doute, et la victoire apporte avec elle une confiance, une force d’action, des certitudes d’avenir, qui rendent moins pénibles les difficultés présentes. Mais encore devons-nous réduire au minimum les charges qui sont la dure rançon de notre grand succès et, pour assurer cette réduction, nous avons une double tâche à remplir : gérer notre budget dans un esprit d’économie féroce, mettre la même rigueur à exiger de l’Allemagnequ’elle s’acquitte de sa dette, c’est-à-dire qu’elle paie nos pensions militaires et qu’elle répare nos dommages. A défaut de ces deux conditions, les impôts votés, si formidables qu’ils soient déjà, seront insuffisants pour rétablir l’équilibre budgétaire et la France sentira bientôt ses épaules fléchir sous un poids intolérable.

Le rapporteur général du Sénat, M. Paul Doumer, auquel le Président de l’Assemblée a adressé, au milieu d’applaudissements [1]

  1. Copyright by Raymond Poincaré, 1920.