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AUTOUR D’UNE CONFÉRENCE
IMPRESSIONS DE SPA

Il y a, dans le grand promenoir du Pouhon, la source la plus célèbre de Spa, une vaste et assez mauvaise peinture représentant, avec un mépris parfait de la chronologie, les plus marquants des personnages que la vertu de sus eaux a attirés en ce lieu. On y voit côte à côte et, paraissant deviser ensemble comme si de rien n’était, le chancelier Bacon et le prince de Ligne, Descartes et la reine de Navarre.

Le bourgmestre et les échevins de Spa, justement soucieux de ne laisser perdre aucune réclame pour leur ville, pourront faire exécuter d’ici peu une autre fresque, le pendant de celle-ci, où se trouveront réunis les hommes d’État, les diplomates, les généraux les plus illustres de l’Entente, venus à Spa pour y rencontrer, un an après la signature de la paix, le chancelier, les ministres et les généraux de l’Allemagne.


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Une petite ville coquette, proprette, un tantinet vieillotte, étroitement resserrée dans le creux d’une vallée verdoyante, c’est Spa. Pas de Palace, pas de caravansérail, pas de casino monumental et tapageur avec son peuple de rastaquouères, de croupiers et de filles ; je ne sais quoi, au contraire, de familial, de bourgeois rappelant la première moitié du siècle dernier. On a le sentiment que la ville a du se transformer assez peu. L’ombre de ses hôtes illustres flotte dans ses rues, sur ses vieilles maisons. Spa apparaît un peu comme une ville d’eaux du passé.

Comment loger dans ses hôtels modestes, de nombre assez restreint, tous les acteurs, tous les spectateurs de la Conférence ? Le problème n’était certes pas facile. Le Secrétariat belge l’a,