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La canonnade continuait à faire rage. Des incendies allumaient autour de Ficheux un demi-cercle rouge…

Ainsi se terminait par un échec cette journée du 2 octobre qui aurait pu être une victoire pour nous.

Victoire incomplète peut-être, car s’il est vrai qu’au Sud de la Scarpe nous avions eu deux fois plus de forces que l’ennemi (un corps d’armée et demi, plus un corps de cavalerie contre un seul corps prussien), il n’en est pas moins vrai qu’au Nord de la Scarpe la division Fayolle presque seule avait eu à faire tête à tout un corps d’armée bavarois renforcé par un corps de cavalerie allemand : mais elle avait vaillamment prouvé que cette tâche n’était pas au-dessus de ses forces !

Hélas, une occasion perdue se retrouve rarement…


III. — LA BATAILLE DU 3 OCTOBRE

La nuit fut mauvaise. Le téléphone marchait mal. J’entendais à peine les voix des officiers qui me demandaient des renseignements ou qui me passaient des comptes rendus. Je me rappelle seulement qu’on me disait que les munitions commençaient à manquer, et que la fatigue des troupes donnait déjà des inquiétudes, notamment à la gauche de la division Fayolle qui perdait peu à peu du terrain…

D’après les quelques renseignements qui purent ainsi être réunis, la situation ne parut pas suffisamment nette au point du jour pour permettre au général de Maud’huy de fixer immédiatement la direction d’attaque à donner au gros du 10e corps ; et, dès 5 heures 30 du matin, le lieutenant-colonel des Vallières m’envoya à Arras, avec mission de rapporter la situation du corps provisoire et de demander au général d’Urbal d’indiquer la direction dans laquelle l’offensive du 10e corps serait la plus souhaitable ce matin pour son corps d’armée :

Soit Neuville-Monchy-le-Preux ?

Soit Neuville-Wancourt ?

Soit Neuville-Chapelle de Feuchy ?

Je trouvai le général d’Urbal, au faubourg Saint-Sauveur, dans une petite maison à gauche en sortant d’Arras vers Cambrai.

Il me dit :

— Au Sud de Lens, ma division de gauche a perdu pendant