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— Dites au général de Maud’huy que nous avons donné nos ordres comme il le désirait et que j’ai envoyé tout à l’heure des officiers de liaison aux deux divisions pour voir ce qui se passait. Dès leur retour, on lui rendra compte.

Je repartis. Au pont du chemin de fer, je fus arrêté pendant une demi-heure par un autre régiment d’infanterie, qui marchait encore non vers l’Est, mais vers le Sud. Cette fois, j’eus la sensation très nette qu’à l’intérieur des divisions du 10e corps, il y avait sûrement des gens qui n’étaient pas « à la page. »

Dès mon arrivée, le général de Maud’huy me dit :

— Eh bien ? que se passe-t-il ?

Il devait être 17 heures 20.

J’avais à peine commencé de lui répéter ce que m’avait dit le général Desforges qu’une limousine arrivait et que le général Desforges lui-même en descendait.

Sensation…

Le général de Maud’huy et lui allèrent s’asseoir à part dans le fossé en face du nôtre et tout de suite nous comprimes qu’un malheur était arrivé…

— Il y a eu des malentendus… Je ne sais exactement ce qui s’est passé. Mais l’ai laque ne s’est pas déclenchée dans la direction voulue… Face au Sud… Marche… Trop tard…. Raté…

Quand le général de Maud’huy nous rejoignit, ce fut parmi nous une consternation générale.

Le général d"Urbal demandait du secours. Il craignait d’être coupé en deux par le « couloir de la Scarpe » où il avait toujours « un trou » entre ses divisions. Or, entre sa droite et la gauche du 10e corps, un autre « trou » venait aussi de se produire par suite du mouvement du gros du 10e corps d’armée qui, au lieu de marcher de Mercatel vers le Nord-Est, s’était porté de Mercatel vers le Sud Est. La situation était critique.

Sans récriminer, le général de Maud’huy agit alors sans hésitation en grand chef.

Il décida immédiatement d’employer à étayer le centre de l’armée la presque totalité de sa brigade de réserve générale, c’est-à-dire de jeter 2 bataillons sur Tilloy pour soutenir la droite du corps d’Urbal, et 2 bataillons à Neuville-Vitasse pour aveugler le passage où aurait dû être lancée l’attaque du