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SOUVENIRS
DE LA BATAILLE D’ARRAS
Octobre 1914

La bataille d'Arras d'octobre 1914.

Il n’est peut-être pas dans le cours de cette guerre de plus de quatre années une bataille d’armée qui se soit passée en pleine France et dont on ait moins parlé, sur le développement de laquelle le haut commandement lui-même ait été pendant quelques jours moins renseigné, et dont plus tard l’histoire sera, faute de documents, plus difficile à faire.

Cela tient aux circonstances particulièrement critiques où elle s’est improvisée.

Imaginez une bataille qui s’engage au moment même où les organes du commandement de l’armée intéressée (Etat-major, artillerie, aviation, service télégraphique, etc.) sont à peine existants dans la main du chef d’Etat-major, où ils arrivent peu à peu, les uns après les autres, de tous les points du front et de l’arrière, accourant dans la plus grande hâte, ne connaissant qu’un nom pour se renseigner, se diriger, et se grouper, quelque part, on ne sait exactement où, mais sûrement à la bataille :

— Le général de Maud’huy ?…

Imaginez une situation décisive : la fin de la bataille de l’Aisne ; les armées ennemies accrochées au sol devant notre front des Vosges à la Somme, armées que nous croyions avoir enfin prises à la gorge et qu’il semblait que nous n’avions plus qu’à tourner vers Bapaume par leur aile droite.