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de l’assassinat : leur feuille de service n’était pas avec celles, plus anciennes, des autres gardiens, et aura été brûlée à part.

Le jour qui suivit le meurtre du Tsar et de la Tsarine et de tous leurs enfants, le 17 juillet, un télégramme fut envoyé au Soviet d’Alapaevka, ordonnant l’exécution immédiate des prisonniers qui se trouvaient dans cette ville. C’étaient : la grande-duchesse Elisabeth Fedorovna (sœur de l’Impératrice, veuve du grand-duc Serge Alexandrovitch, assassiné à Moscou longtemps auparavant), le grand-duc Serge Michaïlovitch, les trois fils du grand-duc Constantin, le prince Palley (fils du grand-duc Paul Alexandrovitch et de son épouse morganatique, Mme Pistohlkors, depuis princesse Palley), et le maître d’hôtel Remeza. L’ordre fut exécuté le jour même dans un bois voisin ; les cadavres, rapidement fouillés, furent jetés dans un puits de mine, encore chauds, sans même avoir reçu le coup de grâce. — Ils ont tous été identifiés et on a retrouvé sur eux nombre de lettres et de documents. Parmi les objets retrouvés sur la belle et pieuse grande-duchesse Elisabeth Fedorovna, se trouvait une icône d’une grande valeur historique aussi bien qu’artistique : c’est l’icône devant laquelle l’empereur Nicolas II se prosterna et resta en prières durant l’heure tragique qui précéda la signature de son abdication au trône.

Les précisions que j’ai pu réunir, la connaissance des noms de tous les complices avec les détails personnels sur eux et sur tous ceux qui eurent une part active dans ce grand crime ; les déclarations de nombreux témoins ainsi que les documents, les listes et papiers retrouvés, réduisent à néant toute espèce de doutes au sujet de la mort du Tsar, de sa famille et de ceux qui leur furent fidèles jusqu’à la fin. Si la demoiselle d’honneur de l’Impératrice, la baronne Buxhoevden, est restée en vie, ce n’est dû qu’à un miraculeux hasard ; les meurtriers tuèrent par méprise la femme de chambre Demidova, la prenant pour la baronne Buxhoevden. Cette fidèle amie de l’Impératrice, après avoir été à Tokyo recueillie par l’ambassadeur d’Angleterre et Lady Green, passa par l’Amérique et l’Angleterre pour aller rejoindre à Copenhague son père, ancien ministre de Russie en Danemark, démissionnaire lors de la Révolution.

Les Bolcheviks annoncèrent la mort de l’Empereur, mais en démentant celle des autres membres de la famille impériale et de leur suite. Ils mirent tout en œuvre pour surprendre la bonne