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la chaire que j’aurais voulue, le mien, notre pauvre pays de France, est le seul où contre tout droit on me la dispute et on la refuse, je ne dis pas à M. B… mais a trente ans de labeur ininterrompu. Sic vos non vobis.

Mais c’est assez parler de ma personne, et j’aime mieux dire à Votre Eminence, qui d’ailleurs a pu s’en apercevoir, l’effet que son article a produit… dans les Deux Mondes[1]. Je m’y attendais bien ! Mais, de même que les mésaventures, pour être attendues, n’en sont pas moins sensibles, c’est ainsi qu’on n’est pas moins heureux d’un succès sur lequel on comptait, et il m’est particulièrement deux d’en pouvoir faire à Votre Éminence mon compliment bien sincère. Bis repetita placent. J’espère même, en bon directeur de Revue, que Votre Éminence ayant éprouvé la publicité de la Revue des Deux Mondes, ne dédaignera pas d’y recourir encore, et je souhaite que ce soit prochainement.

Vous avez, je crois, en ce moment, beaucoup de Français à Rome, et sans doute vous en aurez, dans un mois, davantage. A quels incidents donnera lieu le voyage présidentiel ? et veuille Dieu qu’il n’en résulte rien de fâcheux pour la France, ni pour la religion. On parle moins des affaires Loisy et la politique l’emporte présentement sur l’exégèse.

Veuillez agréer, je vous prie, Monseigneur, avec tous mes remerciements de nouveau, l’expression des sentiments avec je suis

De Votre Eminence le très humble et très affectueusement dévoué.


Paris, le 1er décembre 1904.

MONSEIGNEUR,

Votre Eminence aura bien voulu se dire, je l’espère, que si je n’avais pas répondu plus tôt à sa dernière lettre et au message dont Elle avait bien voulu charger pour moi Mme Buloz, il y en avait quelque raison, plus majeure encore, si je l’ose ainsi dire, que mystérieuse, — et cette raison c’était la maladie. Bien peu de jours après que j’avais eu l’honneur de voir Votre Éminence, j’ai dû en effet prendre le lit, et je n’y suis plus, depuis déjà

  1. La Revue des Deux Mondes du 15 mars 1904 avait publié un article du cardinal Mathieu : les Derniers jours de Léon XIII et le Conclave.