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Paris, le 15 janvier 1900.

MONSEIGNEUR,

J’ai su cette semaine même, par Mgr Lorenzelli, que ma conférence pourrait avoir lieu dans les derniers jours du mois, et, conformément à son avis, je partirai donc de Paris le mercredi 24 pour être à Rome le lendemain 25, et, je l’espère, y séjourner une huitaine de jours. Ce sera bien court ! Mais Votre Eminence le sait, j’ai repris cette année mon cours de l’Ecole Normale, et, dans les circonstances présentes, c’est une chaîne, que je porte à la vérité sans me plaindre, — et même au contraire, — mais enfin que j’ai des raisons de ne pas trop allonger.

Ne serai-je pas trop indiscret de profiter de l’hospitalité que Votre Eminence a bien voulu m’offrir ? Vous me voyez. Monseigneur, un peu confus d’oser seulement vous le redemander ? Mais si ma présence devait le moins du monde gêner Votre Eminence, je me rassure en pensant qu’Elle voudra bien me le dire aussi naïvement que je lui en fais la question[1].

Nous avons à Paris, depuis trois jours, un froid très vif, qui m’éprouve un peu, mais je n’y succomberai pas, je l’espère, et la bronchite ne viendra pas me surprendre au dernier moment. Ce serait pour moi un cruel crève-cœur !

Ai-je besoin d’ajouter, Monseigneur, combien je serai heureux de revoir Votre Eminence et de lui redire, de vive voix, avec quels sentiments de profond respect et aussi d’affection profonde, je suis son très humble et très dévoué serviteur.


4 février 1900.

MONSEIGNEUR,

Avant d’avoir encore vu personne, et, justement, pour ne rien mêler dans cette lettre à l’expression de ma reconnaissance et de mes remerciements, je n’écris aujourd’hui que deux mots à Votre Eminence. Arrivé d’hier soir à Paris, je tiens en effet à ce que Votre Eminence soit la première informée de mon heureux retour, mais je tiens surtout à lui dire combien je demeure touché de l’accueil qu’Elle m’a fait, et le souvenir que j’en ai emporté. Plus tard, dans quelques jours, si j’ai d’intéressantes

  1. Ferdinand Brunetière descendit chez le cardinal, à la villa Volkonsky, tout près de Latran, « une demeure charmante, dit Mgr Duchesne, nichée dans les ruines et la verdure. »