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REVUE SCIENTIFIQUE.

Il ne faudrait d’ailleurs point croire que les taches solaires soient réellement sombres et noires. Elles ne le sont que par rapport à la photosphère éblouissante où elles sont acculées et par un effet de contraste. Si, en effet, on projette optiquement sur le fond d’une tache solaire l’image de l’objet le plus brillant que nous puissions réaliser sur cette médiocre planète terraquée, et qui est l’arc électrique, on constate que celui-ci se projette en noir sur le fond maintenant brillant (par contraste) de la tache solaire. « Tout est relatif » n’est pas en vérité un adage psychologique, mais l’expression la plus profonde et la plus synthétique de tout ce qu’a établi la science.

Ce que je veux retenir seulement de tout cela, pour ma démonstration, c’est que la variation diurne des éléments magnétiques subit des phases absolument parallèles à celles des taches solaires. En tous les points de la terre, la déclinaison, (et il en est de même pour les autres éléments magnétiques), subit des écarts quotidiens d’autant plus grands que le soleil est plus chargé en taches. Les années de maxima des taches solaires, l’amplitude des variations diurnes du magnétisme terrestre est environ une fois et demie plus grande que les années de minima des taches, et les deux phénomènes subissent d’année en année des fluctuations rigoureusement parallèles, et qui ne laissent aucun doute sur la relation de cause à effet qui les lie. Tous ces faits sont universellement considérés comme parmi les mieux établis de la science Ils nous démontrent qu’une sympathie mystérieuse, et pendant longtemps insoupçonnée, lie les perturbations qui à 150 millions de kilomètres d’ici agitent la surface solaire aux mouvements qui, ici-bas, font tremblotter dans leur cage de verre nos petites boussoles.

J’en arrive maintenant à des phénomènes d’un caractère complètement différent et qui prouvent également, mais d’une manière complètement indépendante, la relation qui unit l’activité du soleil et notre magnétisme terrestre. Je veux parler des orages magnétiques.

Les variations, dont nous venons de parler, des éléments du magnétisme terrestre sont des variations lentes, régulières, continues, comme on dit. À côté des variations continues, réglées, facilement prévisibles à longue échéance, il y en a d’autres, brusques et brutales et qui malgré leur violence échappent à toute régularité et se présentent d’une manière en quelque sorte accidentelle. C’est un peu