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beaucoup dans les notions scientifiques encore clairsemées que nous possédons sur le magnétisme terrestre.

Donc, même aux yeux des hommes dont Henri Poincaré parlait avec un si souriant mépris, et « pour qui le but de la vie est de gagner de l’argent, » le magnétisme terrestre est d’une puissante importance. Sa connaissance a une répercussion non négligeable sur les dividendes de tout ce qui dépend de la navigation, c’est-à-dire de la plupart des entreprises humaines.

Et maintenant que nous avons donné ces gages à l’utilitarisme, nous pouvons, d’un pied léger, regagner les régions mystérieuses où les phénomènes magnétiques ne sont plus que des problèmes séduisants. Là les joies sont pures, dégagées du fétide prosaïsme de la vie, car elles nous font approcher peu à peu, à travers mille enchantements, ces sommets d’une pure beauté, auxquels notre effort sera, hélas ! toujours asymptote : le pourquoi et le comment de la nature.

En observant avec des instruments suffisamment précis l’aiguille aimantée, on constate qu’en un lieu donné et en temps normal, elle subit un petit déplacement diurne qui se reproduit chaque jour : chaque jour, entre huit heures du matin et quatorze heures, l’aiguille de déclinaison se porte lentement vers l’Est, pour rétrograder ensuite vers l’Ouest, reprendre la direction primitive, après avoir subi une légère inégalité nocturne, et recommence le lendemain. L’amplitude de cette variation diurne est faible, puisque l’angle des deux positions extrêmes n’est que de quelques minutes d’arc, une faible fraction d’un degré. Mais, chose curieuse, toute la partie importante de la variation se produit, en chaque lieu, aux heures où le soleil est au dessus de l’horizon et de telle sorte que l’aiguille paraît suivre la direction du soleil. De plus, et ce qui prouve bien que l’intensité du rayonnement solaire est pour quelque chose, et même pour beaucoup, dans cette variation diurne de la déclinaison, c’est que cette variation est beaucoup plus ample en été qu’en hiver, c’est-à-dire que dans les stations de l’hémisphère austral, cette amplitude est plus grande en juillet qu’en décembre, et réciproquement, dans notre hémisphère.

Par exemple à Nice l’aiguille de déclinaison oscille de 15 minutes d’arc en juin et de 5 minutes seulement en décembre ; aux mêmes époques, ce rapport est inversés, il s’agit d’une station australe. Les deux autres éléments magnétiques manifestent des variations ana-