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le soleil. C’est ce que je voudrais démontrer et expliquer aujourd’hui à mes lecteurs.

Mais auparavant un retour en arrière est nécessaire pour définir aussi clairement qu’il se pourra les phénomènes en question. Avant d’expliquer une chose, il faut la faire voir. Avant de montrer la lanterne magique, il faut allumer sa lanterne.

Une aiguille aimantée mobile sur un pivot prend spontanément la direction Nord-Sud, ou à peu près. Lorsqu’elle est suspendue à un fil par son centre de gravité, de manière qu’elle puisse se mouvoir en tous sens, elle s’incline en outre sur l’horizon, elle pique, si j’ose dire, du nez, de telle sorte que son extrémité Nord plonge vers la terre ; si les petites boussoles de bazar qui ont amusé notre enfance sont à peu près horizontales, c’est que le constructeur a compensé cette inclinaison de l’aiguille en rendant plus lourde son extrémité Sud, de façon à relever l’autre ; c’est en un mot que, dans les boussoles du commerce, le pivot d’agate sur lequel se trouve l’aiguille n’est pas au centre de gravité de celle-ci, mais au Nord de celui-ci.

La force qui donne à l’aiguille aimantée son orientation est-elle analogue à la pesanteur, par exemple, qui produit une traction, une translation, ou, comme on dit, une accélération, dans la direction où elle est appliquée ? Non. La force magnétique qui agit sur la boussole n’entraîne pas celle-ci, mais la fait seulement tourner. On l’a montré de mille manières, et notamment en déposant une aiguille aimantée sur un flotteur placé librement à la surface de l’eau. On constate que l’aiguille tourne sur elle-même jusqu’à ce qu’elle soit orientée, mais sans que le flotteur avance.

Le plan vertical dans lequel, en un lieu donné, se place spontanément une boussole librement suspendue, ou, — pour parler un langage moins précis en sa simplicité, — la direction que prend par rapport aux points cardinaux l’aiguille aimantée s’appelle le méridien magnétique du lieu. Il ne coïncide pas, en général, avec le méridien géographique, c’est-à-dire avec la direction Nord-Sud. Les pôles de l’aiguille au lieu de pointer exactement vers le Nord et le Sud s’écartent en général plus ou moins de cette direction et l’angle qui mesure cet écart s’appelle la déclinaison. On dit que la déclinaison est orientale ou occidentale selon que le pôle Nord de l’aiguille dévie à droite ou à gauche, c’est-à-dire vers l’Est ou vers l’Ouest du Nord vrai.