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Metz, le nouvel évêque s’y trouverait, bon gré malgré, assis par le Chapitre, les « vénérables chanoines » ayant agi en l’espèce « suivant les droits et possession en laquelle ils sont de temps immémorial, et en leur qualité certaine d’ « administrateurs-nés du diocèse. » Par cette élégante solution, l’honneur canonial, en apparence au moins, était sauf. Fut-ce le doyen Bossuet qui suggéra cette voie d’accommodement ? Ou d’Aubusson, diplomate, qui avait été ambassadeur à Venise et en Espagne ? En tout cas, et c’est ce qu’il est intéressant de constater, Bossuet négocia[1]ce compromis et entra dans la combinaison. Il accepta d’être le premier des deux autres ecclésiastiques « nommés pour, conjointement avec mondit Seigneur et séparément en l’absence l’un de l’autre, faire et exercer les charges et fonctions de grands vicaires généraux. »

Retenons ceci que, dans ce diocèse de Metz, où vingt-six ans auparavant il avait été nommé chanoine de la Cathédrale et où successivement il était devenu syndic du Chapitre, archidiacre de Sarrebourg, grand archidiacre de la Cathédrale de Metz, doyen du Chapitre, en même temps qu’il était membre de l’Assemblée municipale des Trois Ordres, Bossuet a fini par être grand vicaire. Et lorsqu’en juin 1668, le nouvel évêque de Metz, retenu à Paris par la poursuite de ses « provisions et bulles apostoliques, » demande courtoisement aux « Sieurs Chanoines » de lui « députer quelques-uns de leur compagnie pour conférer

  1. C’est ce qui paraît résulter d’un document fort curieux (délibération de l’assemblée capitulaire du 4 juillet 1668) publié par Ernest Jovy, Etudes et recherches sur J. –B. Bossuet, p. 73-75). Bossuet et le confrère qui lui était adjoint étaient chargés. « en raison des mérites et hautes qualités de Mgr l’archevêque d’Embrun, qui témoigne par sa dite lettre avoir beaucoup de déférence pour ledit chapitre, » d’aller lui faire les compliments et civilités du chapitre et aussi « lui faire remontrance très humble touchant le droit que le Chapitre a d’élire ou postuler en cas de vacance dudit évêché. »