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inconvénient par une démission pure et simple entre les mains de ses collègues. » « J’ai dessein, avant toutes choses, de vous conserver tout entière la liberté de cette élection. » Il a beau jadis avoir pris parti pour l’évêque suffragant Bédacier dans les combats épiques dont nous avons eu à rappeler les gros ou petits scandales. Il tient néanmoins à conserver les privilèges de la vieille compagnie dont il a souffert, et dont il a condamné la routine et les manies chicaneuses. » Ce sera maintenant à vous, Messieurs, de faire d’abord quelque acte qui empêche les mesures préventives, que pourrait prendre le Pape, » puis « de célébrer une élection canonique dans toutes les formes ordinaires, en laquelle je ne doute pas que, laissant à part toutes les pensées et tous les intérêts particuliers pour une affaire d’où dépend tout le bien de votre compagnie, vous ne regardiez uniquement l’honneur et l’utilité du Chapitre qui n’a jamais eu plus besoin d’un digne chef que dans les conjonctures délicates où il se trouve. »

J’entends bien que de ces graves conseils, quelque politique subtil suspecterait la sincérité. Il n’y en a point de raison. Peu de temps auparavant, il avait donné, d’un attachement réel au Chapitre, des preuves que Floquet a consciencieusement relevées une à une.

En 1666-1667, il met la paix entre ses confrères de la Cathédrale et le Chapitre de l’Eglise collégiale de Saint-Sauveur, divisés par une de ces enfantines querelles de vanité qui tinrent tant de place dans l’Eglise française au temps où elle croyait pouvoir s’y amuser. Les chanoines de Saint-Sauveur ornaient leur chape d’hiver d’une fourrure. Ils n’en avaient nul droit… Il fallut bien huit ou neuf mois à Bossuet pour terminer cette affaire d’hermine. — En 1667, cette fois dans le Chapitre de la Cathédrale, il travaille à rétablir l’ordre et la courtoisie des discussions. Il fallut édicter une amende contre les querelleurs. — La même année, Bossuet négocie un accord entre le Chapitre et son « primicier » Bruillart de Coursan, dont la mort de l’évêque Bédacier n’avait fait qu’exaspérer l’humeur belliqueuse et envahissante. — Enfin ce doyen pacificateur ne se contente pas d’écheniller le vieil arbre ; il essaie de lui redonner vigueur. C’est lui, — si du moins il faut en croire Floquet[1], — qui

  1. L’Histoire de Metz, par les Bénédictins (t. III, p. 260), attribue précisément cette réforme à Bruillart de Coursan, l’agitateur dont nous parlons.