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3° nouer des liens solides avec les pays baltiques et l’Etat. tchéco-slovaque. Car le chemin de Constantinople passe par Prague, Belgrade et Sofia, le chemin de Tokio par Pétrograd et Moscou. On rappellera volontiers le mot de Bismarck : « Quiconque se rendra maître de la Bohême sera le maître de l’Europe. » Le problème russe, dira-t-on encore, c’est le problème de la destinée allemande. Là où l’Entente échouera fatalement, là interviendra l’Allemagne avec succès. L’idée maîtresse est donc celle d’un vaste consortium germano-russo-japonais. « Il s’agit, disait Otto Hötzsch dans la Kreuzzeitung du 30 juillet, de vouloir fermement conclure avec les nouveaux États de l’Est et du Sud-Est, en particulier avec une Russie régénérée, une union à laquelle adhérerait plus tard le Japon. » Est-ce clair ?

Tout ce mouvement de réaction s’appuie d’ailleurs sur des intérêts de classe réels et positifs. Officiers et sous-officiers sans ressources, bureaucrates dont la situation est menacée, grands industriels inquiets de l’avenir, capitalistes moyens apeurés par le spectre des nouveaux impôts sont prêts à écouter l’appel des partis d’extrême droite. Ils se laissent prendre à la fallacieuse promesse : « Nous sommes le parti national, le parti allemand jusqu’aux moelles, décidés à ramener la splendeur passée. » Aux élèves des écoles de Hanovre, rassemblés le 29 août pour la célébration de la victoire de Tannenberg, Hindenburg disait : « Nous devons redevenir ce que nous étions quand, à Versailles, fut fondé le nouvel Empire allemand. J’étais de ceux qui purent pousser les premiers « hourras » en l’honneur de l’Empereur. » Le mouvement trouve aussi dans l’Université de sérieux appuis. A Wurzbourg, le congrès des étudiants allemands a envoyé à Hindenburg un télégramme dans lequel on s’engage à le prendre comme chef et à travailler au relèvement de l’Allemagne, avec le mot d’ordre : « Avec Dieu pour le roi et pour la patrie. » En de récents discours, les recteurs de Bonn et de Berlin ont adressé leur salut au Kaiser et célébré la grandeur de l’ancienne Prusse.


LES NOUVELLES FORMES DE PROPAGANDE

Comment en vouloir aux mauvais prophètes, quand ils prétendaient que l’Allemagne allait au-devant d’une réaction plus