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problème religieux, sur le génie et les destinées de la France, après avoir, par mille travaux d’approche, investi telle ou telle portion de ce vaste sujet, l’auteur du Vatican est admirablement préparé à retracer dans un tableau d’ensemble, la vie religieuse de son pays à travers dix-neuf siècles d’histoire. Et son livre, paraissant à une époque de restauration morale et sociale, pourra être une sorte de Génie du Christianisme, très différent de l’ancien et tel qu’il convient à notre temps.


Ceux qui savent lire, et auxquels les renommées bruyantes n’en imposent guère, n’auront pas attendu ce moment-là pour reconnaître en Georges Goyau l’un des écrivains qui, par l’abondance et la qualité de leur œuvre, font le plus d’honneur à la pensée française d’aujourd’hui. Et si par hasard ils ont vécu, ou même simplement voyagé à l’étranger, ils ont pu constater, et non pas seulement dans les milieux catholiques, de quelle estime respectueuse est entouré son nom. Nous avons en France trop de tendance à croire que la littérature d’imagination est toute la littérature, et que tel roman à la mode ou telle petite pièce de théâtre suffit à témoigner de la persistante vitalité de l’esprit français. Si nous franchissons nos frontières, nous serons vite détrompés. Les étrangers cultivés lisent nos bons romans pour se divertir; mais les ouvrages qu’ils lisent pour s’instruire, voilà ceux qui comptent à leurs yeux. Taine et Renan, Brunetière et Vogué n’auraient pas eu la réputation européenne qu’ils ont conquise, s’ils n’avaient pas satisfait à ce besoin primordial. Parmi les écrivains français qui viennent d’atteindre la cinquantaine, il en est peu dont la réputation soit, hors de France, aussi solidement assise que celle de Georges Goyau

Fidus.