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SILHOUETTES CONTEMPORAINES




VI[1]


M. GEORGES GOYAU






Un tout petit homme, maigre, menu, nerveux, au pas rapide, au geste vif, à la parole nette et concise, au bon sourire, au clair regard pur et fin tout ensemble… « Une haleine, une âme ! disait de lui François Coppée. Le minimun de matière mis au service d’un esprit. »

La première fois que j’ai entendu parler de Georges Goyau, c’était, — il y a plus de trente ans, — dans une de ces salles laborieuses et austères du lycée Henri iv qui ont vu passer tant de générations de futurs normaliens. Le délicieux Ernest Dupuy, — à la fois humaniste, érudit et poète, — nous initiait aux mystères du discours latin. Un jour, pour nous servir de modèle, il nous apporta et nous lut la copie qui, l’année précédente, avait obtenu le prix d’honneur au Concours général. Et je vois encore cet admirable maître dégustant avec volupté ce latin robuste, savant, ingénieux, dont la forte carrure cicéronienne s’ornait volontiers de traits à la Sénèque. Georges Goyau a beaucoup pratiqué Sénèque, et, — je signale l’argument aux détracteurs de la culture latine, — ce qu’il y a, parfois, d’un peu subtil, et même de précieux, dans son style, il le doit à la fréquentation de l’auteur des Lettres à Lucilius.

Georges Goyau était une des gloires du lycée Louis-le-Grand.

  1. Voyez la Revue des 15 janvier et 15 mars, 15 avril, 15 mai et 15 juin 1920.