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question c’est à Rapallo, le 6 novembre, où le général Porro a évalué très haut le nombre des divisions allemandes en cours de transport vers la frontière septentrionale de l’Italie, et, par suite, le chiffre total des bataillons ennemis qui peuvent être mis en ligne contre le 3e corps d’armée et contre la 1re armée ; de part et d’autre du Lac de Garde. Le général Foch doit donc estimer encore que, sauf exagération sur la proportion des effectifs austro-allemands, présents ou attendus dans le Trentin, le danger, de ce côté, est sérieux et que l’emplacement des troupes françaises répond à un besoin réel.

Aucune activité ennemie ne se manifeste toutefois à l’Ouest du Lac de Garde. La pression exercée sur les altipiani amène bien la 1re armée, la seule dont le front soit demeuré stable, à rectifier certaines de ses positions et notamment à évacuer Asiago. Mais ce mouvement reste limité aux exigences d’une tactique désormais défensive, et si, d’aventure, les Autrichiens poussent plus loin leur avantage, les troupes du général Pecori-Geraldi passent à la contre-attaque. Ainsi, Gallio perdu par les Italiens, est repris par eux. La situation ne s’annonce donc pas défavorablement sur le front italien du Nord, où paraît devoir tenir la barrière qui couvre le-liane des armées du front Est.

Si la retraite de celles-ci doit s’arrêter à la Piave, elle a désormais atteint son terme. Le duc d’Aoste a ramené son armée (la 3e) en ordre, dans de bonnes conditions, derrière le cours inférieur du fleuve, entre la mer et la route de Conegliano, couvrant Venise. Le général de Robilant, à qui le général Foch va, le 10 novembre, rendre visite à son quartier général, a reconduit la sienne (la 4e armée à travers un terrain de montagne extrêmement difficile, sur le cours moyen de la Piave. Ces deux armées étant venues en jonction, les éléments de la 2e armée, qui s’interposaient entre elles, vont pouvoir être retirés et reconstitués en arrière des lignes. La 1re armée (Trentin) prolonge la gauche de la 4e. Tel est le dispositif que le général Foch résume, le 11 novembre, en télégraphiant au ministre de la Guerre que les armées italiennes sont actuellement en position sur leur ligne de défense Piave, Grappa, plateau des sept Communes, et que « le mouvement de repli s’est terminé sans incident, l’action de l’ennemi ne s’étant fait sentir qu’hier par des attaques locales sur la tête de pont de Vidor et vers Asiago. » Rien, dans les termes de ce court compte rendu,