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donnerons dorénavant le grade qui était le sien à cette époque, — en est informé immédiatement, les fonctions de chef d’Etat-major général des armées françaises, qu’il exerçait alors, comportant la centralisation des renseignements sur la situation des armées alliées et, éventuellement, la coordination des opérations du front de France avec celles des autres fronts. Le déclenchement de cette offensive n’est pas pour le surprendre, pas plus d’ailleurs que le général Cadorna. Car l’événement était prévu, annoncé, attendu, sinon à l’endroit précis où il se produit (le secteur tenu par la 2e armée italienne, en avant et le long de l’Isonzo), du moins sur l’ensemble du front du Carso, de l’Isonzo et des Alpes Juliennes.

Il n’y a pas longtemps que le général Cadorna a avisé les états-majors alliés de l’ajournement d’une offensive préparée par lui, en raison des fortes concentrations de troupes ennemies qu’il a observées sur son front et qui lui font craindre d’être attaqué sous peu. Rien donc, d’inopiné dans la nouvelle de l’attaque, ni, par suite, rien qui puisse alarmer outre mesure le général Foch. Il sait que le commandant en chef italien n’est pas pris à l’improviste ; que les positions tenues par la 2e armée italienne sont organisées pour la défensive, quand bien même quelque négligence du commandement local aurait laissé en souffrance une partie des travaux prescrits par le G. Q. G. d’Udine ; que les forces occupant ces positions sont numériquement considérables, qu’elles se sont bravement battues en mainte circonstance et ont fourni, l’été précédent, l’effort principal des assauts sur le plateau de la Bainsizza ; que les réserves massées à proximité sont importantes ; que l’artillerie mise en ligne est puissante.

Ce qui, en revanche, est pour surprendre à Paris comme à Udine, c’est l’issue rapidement malheureuse de la résistance. Une ou deux journées suffisent en effet, — peut-être moins, — pour que s’accomplisse un désastre, dont les conséquences se traduiront, quinze jours plus tard, par le fait suivant : le front italien ramené du Carso à la Piave ; d’une distance variant entre 20 et 25 kilomètres au-delà de la frontière à une distance variant entre 80 et 100 kilomètres en deçà. Dans le secteur de Caporetto (4e corps d’armée), sur lequel porte l’attaque principale, le front est soudainement rompu, dans des conditions qui y compromettent irrémédiablement la défensive, jettent le