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bâtiments, les installations industrielles ont bénéficié d’une plus-value analogue à celle qui s’est manifestée sur tout le globe.

La fortune allemande représentait ainsi le double de l’estimation la plus basse que l’on faisait en 1913 de la fortune française, 225 milliards ; elle était encore supérieure de 50 pour 100 à l’estimation la plus élevée, 300 milliards de francs. Est-il excessif de prétendre que notre pays a été plus atteint dans ses œuvres vives que l’Allemagne, et avons-nous le droit d’affirmer qu’elle est en mesure de fournir un effort supérieur au nôtre ?


II. — LA SITUATION ACTUELLE DE L’ALLEMAGNE

Il semble d’ailleurs que des signes nombreux attestent la reprise de la vie économique de l’autre côté du Rhin.

Le lecteur qui parcourt les journaux allemands est frappé de l’abondance et de la variété des annonces qui indiquent l’activité des affaires. Ici on demande des directeurs pour des entreprises commerciales et industrielles ; là, des banques réclament des chefs de services, des arbitragistes ; des entrepositaîres cherchent du personnel ; des négociants réclament des commis-voyageurs ; des fabriques de diverses régions font des offres alléchantes à des ingénieurs ; des sociétés par actions s’inscrivent pour des chefs du contentieux ; des parfumeries ont besoin de spécialistes ; ailleurs, c’est aux électriciens qu’il est fait appel. Voilà pour les personnes. Au point de vue des marchandises, il en est offert de toutes sortes : moteurs, verres à vitres, machines de tout genre, des kilomètres de conduites, des pneumatiques, des camions, des chaudières, des cigares, des machines agricoles, des seaux, des bassins. La Gazette de Francfort, Frankfurter Zeitung, qui est un des principaux organes de l’Allemagne du Sud, contient beaucoup plus d’annonces commerciales qu’avant, la guerre. Est-ce t là le signe d’un marasme, d’une dépression économique ? Certes, il ne faut pas considérer les cotes de bourse comme un indice incontestable de prospérité. Toutefois, la valeur attribuée par le public à certains titres, en particulier à des actions d’entreprises indigènes, atteste la confiance des capitalistes dans leur avenir et n’est pas sans rapport avec la situation générale du pays. Or, si nous comparons les cours de nombre d’actions de banques et de sociétés industrielles allemandes aux