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C’est le 11 février 1919 que les représentants de la Belgique exposèrent la demande de révision des traités de 1839 devant le Conseil suprême interallié, à Paris. Le 26 février, le Conseil saisissait « la Commission des affaires belges » de l’étude de cette révision. Dans les premiers jours de mars, le rapport de la commission était soumis au Conseil qui, le 8 mars, en adopta les conclusions à l’unanimité.

Voici l’essentiel des dites conclusions :

« Les traités de 1839 doivent être révisés dans l’ensemble de leurs clauses, à la demande commune des Puissances, qui estiment nécessaire cette révision… Le but de cette révision est, conformément à l’objet de la Société des Nations, de libérer la Belgique de la limitation de Souveraineté qui lui a été imposée par les traités de 1839 et de supprimer, tant pour elle que pour la paix générale, les risques et inconvénients divers résultant de ces traités. »

Il était difficile de donner plus complète satisfaction aux aspirations de la Nation belge. C’est ce que, dès le 12 mars, le président du Conseil constatait devant la Chambre par une déclaration qui fut accueillie par des applaudissements prolongés : « le 12 mars 1839, il y a aujourd’hui exactement quatre-vingts ans, disait-il en terminant, cette enceinte accueillait les paroles d’adieu des élus des provinces belges que l’exécution des traités des XXIV articles allait séparer de la Belgique. (Mouvement.) C’est avec émotion que la Chambre saluera cette coïncidence. »

Pendant quelques semaines, la joie fut grande chez nos Alliés de Belgique. Seuls, peut-être, les membres du gouvernement et les personnes qui étaient au courant de ce qui se passait à Paris, sentirent-ils combien ces espoirs étaient précaires, lorsqu’on apprit dans les cercles pour lesquels la censure n’existait pas que le Conseil suprême écartait du projet de traité de paix les articles adoptés par la Commission des frontières occidentales de l’Allemagne qui réservaient le sort des territoires de Clèves et de la Gueldre, ainsi que celui des Bouches de l’Ems, afin que l’acquisition de ces territoires pût servir de compensation à la Hollande.

Arrêtons-nous un moment sur ce point.

Il pouvait, tout d’abord, paraître surprenant que l’accueil réservé aux revendications belges dépendit du sort éventuel des territoires prussiens que la géographie et l’ethnographie, — et même l’histoire, à quelques égards, — rattachent il est vrai, aux