défunte Assemblée nationale. Probablement même, ces passions vont se trouver renforcées. Que l’Allemagne n’arrive pas, depuis sa défaite, à retrouver son équilibre politique, que les crises y succèdent aux crises, qu’au milieu de ce désarroi, elle soit toujours à la merci d’une entreprise militaire ou de troubles fomentés par la populace, c’est aujourd’hui, après les élections, encore plus vrai qu’hier. Mais quoi que pense et quoi que fasse demain, dans les questions d’ordre intérieur, le gouvernement du Reich, il ne s’éloignera pas du chemin que l’Allemagne s’est tracé. Ce chemin la mène à Spa par une pente gazonnée et le sentier qui nous y conduit longe un précipice. Avant de nous y engager définitivement, assurons-nous de n’y être tirés, ni à droite ni à gauche, par nos alliés et de pouvoir y marcher droit devant nous. Ne laissons aucune question en souffrance. Rappelons bien à nos amis d’Angleterre et d’Italie qu’à San Remo, pour obtenir l’adhésion de M. Millerand à la convocation ultérieure du Premier ministre allemand, ils se sont engagés à n’accepter, après son audition, aucun changement aux clauses du traité. Il faudra donc qu’il soit bien entendu, d’avance, que la question préalable sera opposée à toute demande d’atténuation.
M. Millerand a maintenant le droit de dire à MM. Lloyd George et Nitti que la volonté du Parlement français est formelle à cet endroit et MM. Lloyd George et Nitti, qui sont eux-mêmes responsables vis-à-vis de leurs assemblées, sont trop accoutumés à la pratique des règles parlementaires pour s’étonner du langage qui leur sera tenu. Si l’Allemagne parle de la Haute-Silésie, on la renverra donc courtoisement à l’article 88. Si elle cherche à justifier les instructions secrètes que le ministère de la Reichswehr a envoyées aux chefs de corps et qui ont été publiées, à Mayence, par l’Écho du Rhin, si elle tâche d’équivoquer sur le désarmement et si elle réclame des forces supplémentaires, on lui relira poliment les articles 159 et suivants. Si elle se refuse à livrer régulièrement les tonnes de charbon qu’elle nous doit, on lui rappellera doucement l’annexe V. Si elle ne consent pas à payer, par à-comptes loyalement échelonnés, la totalité de sa dette, si elle ne s’oblige pas à réparer tous les dommages causés aux civils et toutes les dépenses afférentes aux pensions militaires, on lui remettra sous les yeux, avec tous les égards nécessaires, la partie VIII du traité.
Après cela, on peut se demander s’il n’aurait, pas mieux valu ne la pas inviter et s’il était bien utile de la déranger pour lui refaire des lectures qu’elle a déjà plusieurs fois entendues. Pour moi, je ne