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Tommasina en Suisse, Fényi en Autriche, etc.) ont enregistré des ondes hertziennes émises par les orages de notre atmosphère, au moyen d’appareils identiques à ceux de la T. S. F. Les décharges électriques de notre atmosphère sont des génératrices énergiques d’ondes électriques.

Comme ces ondes sont perceptibles à une assez grande distance, elles permettent même d’annoncer la présence d’un orage dont l’existence lointaine resterait autrement ignorée ; elles permettent de voir si cet orage approche ou s’éloigne, augmente ou diminue, elles permettent ainsi d’instituer une véritable prévision, à brève échéance, des orages. Si je ne me trompe, un service d’avertissement des orages a sur ce principe été annexé à l’Observatoire du Pic du Midi. L’enregistrement des ondes hertziennes orageuses pourrait ainsi avoir des applications pratiques variées et du plus haut intérêt.

Je n’en veux donner qu’un exemple : lorsqu’un orage en été vient obscurcir le ciel, les grandes stations productrices d’électricité qui distribuent leur énergie sur des réseaux étendus ont soudain besoin de mettre en marche de nouvelles machines pour alimenter les abonnés qui brusquement allument leurs lampes. Cette augmentation soudaine expose la centrale à des à-coups qui peuvent être dangereux à divers égards. Pour y remédier, la New-York Edison Co qui dessert une partie de New-York a créé un service météorologique auquel a été adjoint un service d’avertissement des orages. Un détecteur d’ondes spécial, placé à la station centrale, et assez analogue à ceux de la T. S. F., est monté de manière à actionner une sonnerie qui décolière automatiquement le détecteur. Lorsqu’un orage approche, on a constaté en général les phénomènes suivants : d’abord, la sonnerie commence à résonner à des intervalles de 5 à 13 minutes, l’orage est alors à plus de 400 kilomètres et pourra être dans la ville dans un délai de quelques heures. Puis, si la menace se précise et se rapproche, la sonnerie se met à sonner toutes les minutes ou demi-minutes.

L’usine fait alerter alors ses chaudières en réserve et fait préparer la mise en marche des groupes électrogènes de secours. Une demi-heure avant que l’orage ne soit arrivé, la sonnerie est actionnée d’une façon continue. On prend alors les dernières dispositions. N’est-ce pas une élégante, simple et utile application que Faraday n’eût guère pu soupçonner, lorsqu’il entrevoyait instinctivement les bases de la théorie électromagnétique de la lumière ?

Ces faits et d’autres sur lesquels il serait trop long d’insister ici