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Got, me désignant aux camarades présents, dit avec le ton saccadé qui donnait un accent si particulier à ses boutades :

— Il vient de nous montrer l’utilité des comédiens-poètes qui ne bronchent pas à la rime.

Je m’inclinai, très flatté, bien que je trouvasse la rime improvisée fort mauvaise et le verbe peu XVIIe siècle, bien qu’on le rencontre dans Pascal.



La Critique de l’École des Femmes, remontée par Perrin, retrouvera toujours son succès de dialogue et de pittoresque. Quant à l’Impromptu de Versailles, laborieusement interprète par Samson, puis par Coquelin, il ne put fournir plus de trois représentations de 1831 à 1840, et neuf (au prix de quelle insistance ! ) en 1880. Je souhaite un réel courage au vaillant collègue à qui incombera le faux « bon rôle » du loquace Molière. Les allusions et discussions n’y sont plus, comme dans la Critique, d’intérêt général ; ce sont querelles personnelles qui n’intéressent plus le public d’aujourd’hui.


L’heureuse reprise de l’Amour médecin a mis en goût M. Fabre à qui nous devons ces « cadres » d’avant-scène percés de portes servant d’issues aux acteurs des intermèdes. Nous devons aussi à l’administrateur actuel l’usage de ces tentures stylisées, — dans Esther par exemple, — grâce à quoi les changements de décors, abrégés, rendent possible l’exécution plus rapide de certaines œuvres.

La Princesse d’Élide profitera de ces innovations. Une simple tapisserie de chasse en forêt suffirait à situer les lieux chers à la fille d’Iphitas :


… Oui, j’aime à demeurer dans ces aimables lieux,
On n’y découvre rien qui n’enchante les yeux ;
Et de tous nos palais la savante structure
Cède aux simples beautés qu’y forme la nature…


On songe, me dit-on, à mettre l’orchestre en vue du public ; cette idée, — contre laquelle on protesta bruyamment quand je la proposai, en 1900, — facilitera la restitution de la partie musicale de cette musique de scène que Molière dut à plusieurs compositeurs, et qui, disons-le sans amoindrir son génie, est ici